Cet article date de plus de huit ans.
Irak:Daech tente de rallumer les feux de la guerre civile pour éviter la défaite
Cinq jours après l’attentat de Karrada, dont le bilan se monte désormais à près de 300 morts, l’organisation Etat islamique a revendiqué une nouvelle opération contre un mausolée chiite non loin de la capitale irakienne. Une attaque qui a fait au moins 35 morts et une soixantaine de blessés. Le ministre de l’Intérieur a présenté sa démission et les principaux chefs de la sécurité ont été limogés.
Publié
Temps de lecture : 4min
Alors que le bilan de l’attentat du 3 juillet 2016 dans le quartier Karrada à Bagdad ne cesse de s’alourdir, passant à 292 morts, un triple attentat-suicide est venu, cinq jours plus tard, endeuiller la ville de Balad à 80 km au nord-ouest de la capitale irakienne.
Des opérations kamikazes qui attisent le mécontentement contre le gouvernement
Précédés par de tirs de mortiers, deux kamikazes ont pénétré dans le mausolée chiite de Sayid Mohamed bin Ali al Hadi et ouvert le feu sur les fidèles avant de se faire exploser sur un marché à proximité. Un troisième djihadiste a été tué et sa ceinture explosive désamorcée.
L’attaque revendiquée par Daech a fait au moins 35 morts et une soixantaine de blessés. Elle vient attiser un peu plus le mécontentement de la population face à l’incapacité des autorités à assurer la sécurité des citoyens.
Contesté dans la rue par sa propre communauté, le Premier ministre Haïdar al-Abadi s’est empressé d’accepter la démission du ministre de l’Intérieur. Et dans la foulée de la deuxième attaque, le gouvernement a annoncé le limogeage des principaux responsables de la sécurité à Bagdad.
Pas rassuré pour autant, le puissant chef chiite, Moktada al-Sadr, a aussitôt ordonné à sa milice de se déployer autour du mausolée de Sayid Mohamed, relançant la tension qui couve depuis des mois entre le gouvernement et une population excédée par l’inefficacité et la corruption de ses ministres.
Une similitude avec l'attentat qui avait plongé l'Irak dans une guerre confessionnelle
La dernière attaque de Balad rappelle toutefois l’attentat du 22 février 2006 qui avait visé le Mausolée de l’Imam chiite Ali al Hadi, père de Sayid Mohamed, dans la ville de Samarra à une vingtaine de kilomètres de là.
L’explosion avait détruit la coupole dorée à la feuille de l’édifice abritant les tombes des onzième et douzième imams chiites. Un coup dur pour les fidèles d'Ali, cousin et gendre du prophète, qui viennent d’un peu partout prier pour le retour du douzième imam, Aboul Qassem Mohamed al-Mahdi, disparu en 874 de l’ère chrétienne.
Revendiqué à l’époque par ce qui n’était encore que la branche irakienne d’al-Qaïda, dirigée par Abou Moussab al-Zarkaoui, l’attentat avait déclenché une vague de colère dans les rangs de la communauté majoritaire du pays.
Malgré les appels au calme du grand ayatollah Ali al-Sistani, la plus haute autorité religieuse d’Irak, les chiites étaient descendus dans les rues de Bagdad, Nadjaf, Kerbala ou Bassora pour se venger. Une centaine de mosquées sunnites avaient été saccagées, des religieux enlevés ou tués. Au total, ces violences avaient fait 130 morts dont 80 à Bagdad.
Le plan B de l'organisation Etat islamique
Dans le contexte actuel de l’Irak, où l’on assiste à la reconquête des villes tombées sous le contrôle des djihadistes, cette nouvelle vague d’opérations kamikazes révèle un peu plus le plan B du groupe Etat islamique: souffler sur les braises des haines intercommunautaires pour entretenir une guerre civile et éviter une défaite sous les coups des coalitions arabes et étrangères mobilisées contre leur Califat autoproclamé.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.