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Avion russe abattu par la Turquie: un incident «très sérieux», selon Moscou

Un Su24 russe a été abattu à la frontière turco-syrienne par l’armée turque mardi 24 novembre 2015. Un signe de la tension entre la Russie et la Turquie dans le dossier syrien alors qu’Ankara est souvent accusé de faire le jeu des islamistes et que Moscou soutient Damas. Cet incident intervient alors qu’une coalition russo-franco-américaine se met sur pied.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Sukhoi 24 russe en Syrie. C'est un appareil de ce type qui a été abattu par l'armée turque.

L'avion de combat Su-24 abattu par l'aviation turque appartient à l'armée russe mais n'a jamais quitté l'espace aérien syrien, a précisé le ministère russe de la Défense, peu après la chute du Sukhoi. Des sources à la présidence turque ont affirmé, en revanche, que l'avion avait «été abattu conformément aux règles d'engagement après avoir violé l'espace aérien turc malgré les avertissements».


Peu après avoir annoncé avoir abattu l'avion russe, la Turquie a décidé de saisir l'ONU et l'Otan, dont elle est membre. De son côté, le porte-parole du Kremlin a affirmé que «l’incident qui concerne le Su-24 russe en Syrie est très sérieux».


Ce n’est pas le premier incident entre la Turquie et l’aviation russe depuis le début de l’engagement de Moscou dans le ciel syrien fin septembre 2015. Le 3 octobre, un avion russe avait été intercepté dans le ciel turc, ce que Moscou avait reconnu.
 
La tension était monté d’un cran ces derniers jours quand Ankara a protesté contre des bombardements russes qui auraient visé des turcophones syriens. La Turquie avait convoqué l'ambassadeur russe pour le mettre en garde contre les «sérieuses conséquences» de cette opération.

L’incident aérien entre les deux pays intervient alors que se met en place une coalition, plus ou moins formelle, entre la Russie, la France et les Etats-Unis pour combattre Daech. Cet incident a lieu le jour même où François Hollande se rend à Washington avant une rencontre le 26 novembre avec Vladimir Poutine.


L'accrochage aérien relance aussi les accusations sur le rôle de la Turquie dans le conflit syrien et le soutien qu’elle apporterait à Daech. Un journal turc, Cumhuriyet, avait montré, le 29 mai 2015, des photos embarrassantes pour Ankara de livraison d’armes turques vers l’Etat islamique. «Selon les informations du journal, les camions convoyaient un millier d'obus de mortier, 80.000 munitions pour des armes de petit et gros calibre et des centaines de lance-grenades. Ces armes auraient été fournies par des pays de l'ancien bloc soviétique, toujours selon Cumhuriye», rapportait le correspondant de RFI.

«La Turquie est accusée depuis longtemps par les experts, les Kurdes et même le vice-président américain Joe Biden, dans ce qui était considéré alors comme une gaffe diplomatique, de ne rien faire pour empêcher l’approvisionnement en armes et en combattants volontaires de Daech à travers sa frontière syrienne», rapportait Slate dans un article titré Sans la Turquie, Daech n’existerait pas.

Le rôle de la Turquie vis à vis de l'Etat islamique (ISIS) avait aussi été mis en avant lors d'une opération américaine visant le responsable de Daech en charge des livraisons de pétrole vers la Turquie.  

Moscou venait d'affirmer cette semaine qu'elle ciblerait les camions-citernes de l'EI qui contrôle la majorité des champs pétroliers de Syrie et tire grand profit du commerce du pétrole.

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