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Arabie Saoudite: le divertissement, une «dépravation» qui arrive doucement

Un chanteur saoudien s’est produit le 23 janvier 2017 à Jeddah, lors d’un rare concert dans le royaume ultra-conservateur. Le développement des loisirs avait été promis par le fils du roi dans le cadre d’un plan global. Une initiative surveillée de très près par les religieux.
Article rédigé par Eléonore Abou Ez
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Les Saoudiens assistent à un concert à Jeddah, le 30 janvier 2017.

	 

	  (Amer HILABI / AFP)

Le chanteur populaire Mohamed Abdu devait être sur scène en septembre 2016 pour le premier concert du genre dans la capitale saoudienne. Le spectacle a été annulé sans aucune explication. L’artiste a finalement pu se produire quatre mois plus tard, dans une salle de sport à Ryad devant près de 8000 spectateurs. Des hommes seulement puisque la mixité est interdite dans l'espace public.
 
Hip hop de New York
Malgré l’interdiction de la mixité, des centaines d’hommes et de femmes avaient pu assister ensemble à un spectacle de hip hop à Ryad, en octobre 2016. Le groupe iLuminate de New York s’était produit dans l'amphithéâtre de l'université Princesse Noura bent Abdelrahman, un campus réservé aux étudiantes. Du jamais vu dans le royaume wahhabite où il n y a ni théâtres, ni musées, ni salles de cinéma.   
 
Une nouvelle stratégie
Ce changement dans la société saoudienne fait suite à l’ambitieux plan de réformes «vision 2030». L’initiative lancée par le vice-prince héritier Mohammed Ben Salman visant à diversifier l’économie prévoyait aussi le développement des activités culturelles et de divertissement. Plusieurs projets étaient au programme pour répondre aux aspirations de la jeunesse saoudienne (60% de la population) et «changer l’image de l’Arabie Saoudite dans le monde», selon le ministre de la Culture.
 
2017: l’année du divertissement?
Dans ce cadre, le gouvernement avait mis en place un comité chargé du divertissement avec une dizaine de membres dont une femme progressiste, Lama Al-Sulaiman. «Cette année sera celle du divertissement», avait souligné le président de cette instance Amr Al-Madani dans une interview au site Al Arabiya, sans annoncer en détails le programme prévu.
 
«Ne pas ouvrir la porte au diable»
Mais dans ce royaume ultra-conservateur, l’establishment religieux a son mot à dire et ne rate aucune occasion pour le faire savoir. Le grand mufti Abdel Aziz al-Cheikh s'est insurgé contre la tenue de concerts, estimant qu’ils sont «sources de dépravation». Pour lui, le seul divertissement acceptable est celui qui passe par «le biais de canaux scientifiques et culturels». Il a appelé les autorités à «ne pas ouvrir la porte au diable». 
 
 
 
 
 
 

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