"Mouammar Kadhafi et sa clique" doivent partir, estiment Nicolas Sarkozy et David Cameron
C'est qu'ils écrivent dans une lettre au président du Conseil européen Herman Von Rompuy, en ajoutant qu' "il est clair" que le régime libyen a perdu "toute légitimité".
Le président français et le Premier ministre britannique proposent sept mesures en vue du sommet de l'UE qui se tenaitt vendredi sur la situation en Libye.
Paris reconnaît l'opposition libyenne
La France est devenue jeudi la première puissance occidentale à reconnaître le Conseil national libyen (CNL) proclamé à Benghazi par les insurgés. Deux représentants libyens du CNL ont été reçus jeudi à l'Elysée et Paris va envoyer un ambassadeur à Benghazi, aux mains de la rebellion.
Londres a suivi une ligne proche en qualifiant le Conseil national libyen d'"interlocuteur valable" avec lequel le gouvernement britannique souhaite "travailler étroitement".
Les partenaires européens divisés
Mais les ministres européens des Affaires étrangères réunis à Bruxelles, même s'ils ont réaffirmé leur souci de voir Kadhafi quitter le pouvoir qu'il occupe depuis 41 ans, sont apparus divisés sur cette question à la veille du sommet de Bruxelles sur la situation en Libye.
Une majorité de pays au sein des Vingt-sept estiment en effet qu'il est trop tôt pour évaluer avec certitude la représentativité du CNL.
Quant à la chancelière allemande Angela Merkel, elle s'est montrée "surprise" jeudi que la France ait reconnu le CNT de l'opposition libyenne et a mis en garde contre "l'emploi de moyens militaires" contre la Libye.
La position des USA et des monarchies du Golfe
De leur côté, les Etats-Unis ont indiqué qu'ils avaient établi "un contact direct" avec l'opposition libyenne, dont le CNT basé à Benghazi.
Par ailleurs, Les monarchies du Golfe (Bahreïn, Oman, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar et Koweït) ont estimé jeudi à leur tour que le régime libyen de Mouammar Kadhafi était "illégitime" et que des contacts devaient être établis avec le Conseil national de transition formé par les insurgés. Les ministres des Affaires étrangères des six membres du CCG ont pressé les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, qui doivent se réunir samedi au Caire, "d'assumer leurs responsabilités en prenant des mesures pour faire cesser l'effusion de sang".
1 . Afin de mettre fin à des souffrances supplémentaires du peuple libyen, Mouammar Kadhafi et sa clique doivent partir.
2. Nous soutenons les efforts du Conseil national intérimaire de transition afin de préparer un gouvernement représentatif et responsable. Nous devrions envoyer le signal politique clair que nous considérons le Conseil comme un interlocuteur politique valable, et une voix importante pour le peuple libyen dans cette phase.
3. Nous condamnons l'usage de la force contre les civils par le régime de Kadhafi et appelons à son arrêt immédiat. Nous soutenons la poursuite de planifications afin d'être prêts à apporter un soutien dans toutes les éventualités, en fonction de l'évolution de la situation, sur la base d'une nécessité avérée, d'une base légale claire et d'un soutien régional ferme. Ceci pourrait inclure une zone d'exclusion aérienne ou d'autres options pour empêcher les attaques aériennes, et nous y travaillons avec nos alliés et nos partenaires, en particulier ceux de la région. Nos deux pays travaillent ensemble sur les éléments d'une résolution du Conseil de sécurité.
4. Nous appelons les Nations Unies à évaluer et surveiller de près la situation humanitaire en Libye et à formuler des propositions pour assurer un accès complet pour les organisations humanitaires et l'assistance aux personnes déplacées. Nous nous tenons prêts à contribuer à cet effort.
5. Nous soutenons l'enquête annoncée par le Procureur de la Cour criminelle internationale et le message que ceci envoie au régime qu'il sera tenu pour responsable de ses actions.
6. Nous appelons tous les pays à mettre en oeuvre complètement l'embargo sur les armes, y compris en interdisant la fourniture de personnels armés mercenaires, et de prendre des mesures afin de décourager les recrutements ou les départs d'avions ou de convois mercernaires. Nous sommes prêts à coopérer avec ces pays à cet égard.
7. Concernant les personnes déplacées à l'extérieur de la Libye, si la situation se détériore, nous devrions être prêts à agir et à fournir une assistance supplémentaire, financière et matérielle, y compris des équipements militaires, en coopération avec les organisations internationales et les pays concernés.
Réaction de la Libye
La Libye a réagi en annonçant qu'elle envisageait de rompre ses relations diplomatiques avec la France. "Un Etat comme la France ne peut pas commettre cette stupidité et reconnaître des personnes qui ne représentent qu'elles-mêmes", a indiqué un responsable libyen, précisant que le ministère "va attendre et s'assurer de ces informations avant de prendre une telle décision".
Réunion de l'Otan à la veille du sommet de l'UE
Les ministres de la Défense de l'Otan étaient quant à eux réunis depuis le début de l'après-midi, également à Bruxelles, mais aucune annonce n'est attendue avant vendredi.
Ces deux réunions coïncident avec un sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne organisé vendredi, au cours duquel la France proposera un plan d'action pour arrêter la répression meurtrière du soulèvement populaire par l'armée de Mouammar Kadhafi. Nicolas Sarkozy pourrait notamment proposer en Libye.
Incertitudes sur une zone d'exclusion aérienne
Paris et Londres, qui défendent toujours l'idée d'une zone d'exclusion aérienne, se heurtent à des réticences européennes et internationales.
Catherine Ashton, qui participe à la réunion des ministres de la Défense de l'Otan , a aussi indiqué que toute intiative européenne concernant la zone d'exclusion aérienne devait être
coordonnée de manière très étroite avec l'Onu, la Ligue arabe et la communauté internationale dans son ensemble.
Le secrétaire général de l'Otan , Anders Fogh Rasmussen, a précisé que toute opération militaire, dont la mise en place de cette zone d'exclusion aérienne, devrait répondre à trois
conditions préalables: le besoin démontrable d'une intervention, un mandat clair et un soutien dans la région.
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