Meurtre de Christian Poveda: suspect relâché
Le suspect arrêté jeudi au Salvador dans l'enquête sur Christian Poveda a été mis hors de cause par la policeLe suspect arrêté jeudi au Salvador dans l'enquête sur Christian Poveda a été mis hors de cause par la police
Il s'agissait d'un membre de la Mara 18, le gang sur lequel le journaliste français venait de réaliser un documentaire.
Christian Poveda, 54 ans, revenait d'un tournage à La Campanera, une banlieue pauvre de San Salvador, contrôlée par les "maras", gangs ultraviolents, quand il a été tué d'une balle dans la tête, le 2 septembre.
Christian Poveda, photo-reporter auteur de plusieurs documentaires, s'était rendu pour la première fois au Salvador dans les années 1980 pour y couvrir la guerre civile. Il y était revenu ensuite pour s'intéresser aux bandes armées. Il enquêtait ainsi sur le gang "Mara 18" et ses rivaux de la Mara Salvatrucha, vastes réseaux criminels prenant leurs racines à Los Angeles. Les autorités estiment jusqu'à 30.000 le nombre de membres des "Maras", reconnaissables à leurs très nombreux tatouages. Ces organisations se livrent au trafic de drogue et à des extorsions visant essentiellement les immigrants illégaux et les entreprises.
Christian Poveda avait publié des reportages photos dans de nombreux journaux, dont El Pais, Le Monde, New York Times, Paris Match ou Stern
Son documentaire sur la guerre des gangs au Salvador, La Vida Loca, doit sortir en France le 30 septembre. Il y raconte notamment les tentatives de rédemption de certains membres des maras.
La profession sous le choc
Le directeur et fondateur du festival de photojournalisme Visa pour l'image à Perpignan, Jean-François Leroy, s'est dit "sous le choc", indiquant ému que "tout le monde lui disait que c'était dangereux. Lui, il disait être sûr qu'il ne courait aucun risque. Il était heureux que son film sorte fin septembre, c'était enfin une reconnaissance de son travail après de nombreuses années", a-t-il indiqué, ému.Un proche de Christian Poveda, François Callier, a souligné que "le triste hasard fait que Christian meurt à la date du premier anniversaire de la mort de Françoise Demulder", photographe de renom pour laquelle Christian Poveda avait organisé une vente aux enchères de clichés pour aider la photographe atteinte de maladie.
Pour Alain Mingan, ancien photojournaliste et ami de Christian Poveda, ce dernier était "un grand professionnel, respecté de tout le monde dans le photojournalisme et le monde documentaire".
Le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Jean-François Julliard, a demandé un rendez-vous au chef de l'Etat salvadorien après l'assassinat de Christian Poveda.
"Les journalistes méritent qu'on s'intéresse à la manière dont ils meurent, surtout des journalistes de cette trempe. Christian Poveda est mort pour l'info, pour servir notre métier, pour servir les citoyens qui ont besoin de journaux et d'images", a déclaré Hervé Chabalier, Pdg de l'agence Capa dont une équipe va partir au Salvador pour enquêter sur la mort de Poveda.
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