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Médias: la crise Chine-Japon à travers l'histoire de monsieur Li

Monsieur Li, c'est un automobiliste chinois de 51 ans qui souffrira longtemps des séquelles de l'effet boomerang du patriotisme anti-japonais. Le quotidien China Daily mais aussi le Los Angeles Times et la télévision chinoise ont fait parler son épouse parce que lui ne peut plus rien raconter, il est paralysé et muet depuis le 15 septembre.
Article rédigé par Philippe Reltien
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Ce samedi là, monsieur Li
conduit sa voiture Toyota Corolla blanche toute neuve  dans la ville de Xian connue pour son armée
enterrée de soldats en terre cuite quand il tombe nez à nez avec une
manifestation anti-japonaise.

On encercle sa Toyota et on fait bouger sa voiture. Une vidéo décrit la suite à la télévision
chinoise en omettant une scène racontée par le Journal des Jeunesses communistes. Le couple supplie les manifestants : "Nous avons travaillé si dur
pour acheter cette voiture. S'il vous plait ne la cassez pas. Nous avons eu
tort d'acheter un modèle japonais, Nous ne le ferons plus. OK ?
"

Ne le frappez pas ordonne 
quelqu'un et dans la seconde qui suit un homme en tee shirt blanc se
précipite sur monsieur Li  et le met KO
avec un antivol en acier. Il continue à le frapper par terre. Tout le monde
observe la scène depuis les trottoirs. Madame Li s'agenouille auprès de son
mari inconscient dans une mare de sang. "Il est mort" croit-elle.Un
témoin indigné s'en prend à 
l'agresseur : "Tu attaques un
Chinois? Tu te prends  pour un Japonais?
" Et quelqu'un crie "il faut le sauver" . On
arrête un taxi, un policier monte à bord et le taxi fonce aux urgences, ce qui a
sauvé Monsieur Li fait remarquer le neurochirurgien qui l'a opéré. La boite
crânienne enfoncée et fracturée, Monsieur Li récupère d'une première
opération  sans qu'on sache s'il va recouvrer
l'usage de ses membres et de la parole. Une autre opération est prévue dans 6
mois.

Madame Li affirme qu'elle ne croit pas
que les agresseurs de son mari étaient des patriotes: "J'espère que la police les
arrêtera le plus tôt possible"
. Cela fait 15 jours que l'on recherche 40
suspects d'actes violents commis pendant ou en marge des manifestations
japonaises.

Et maintenant  qui va payer les
dégâts ?

Cela 
fait l'objet d'un débat sur internet et dans le journal Global Times.
Les assureurs ne remboursent pas les frais médicaux ou les dégâts causés aux
biens ou aux personnes privées en cas d'émeutes.  Il n'y a que les compagnies
étrangères qui sont couvertes. Pourquoi ne pas se retourner contre la police
qui n'a pas fait son travail a suggéré 
l'historien Zhang Lifan en invoquant un article de  loi sur les compensations exigibles quand les
fonctionnaires chargés de l'ordre sont débordés.

C'est ce qu'ont fait deux
concessionnaires Toyota et Honda dans le port de Qingdao. Le commerce du premier a été
incendié avec 94 voitures neuves, le second a une centaine de carrosseries à
réparer. Mais un juge lui  répondu que cela servirait de mauvais exemple: c'est aux casseurs et pas aux contribuables
de payer la facture et à  la police de
les arrêter. Un restaurateur chinois qui fait de la cuisine japonaise a vu des
centaines de policiers  observer la mise
à sac de son établissement . Conclusion de monsieur Li
Ling : "C'est honteux de manifester son patriotisme de la
sorte".

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