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Matières premières: les prix du pétrole resteront bas, prédit le rapport Cyclope
Le cycle baissier des matières premières entamé en 2014 devrait se poursuivre plusieurs années, affirme le rapport Cyclope rédigé chaque année par une centaine d’experts. Pétrole, gaz, fer, cuivre, nickel, café, sucre... tous sont orientés à la baisse à l’exception du cacao, du thé et de la potasse. Le ralentissement de la Chine et l’abondance de l’offre expliquent la déprime durable des cours.
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Le baril de pétrole est repassé le 26 mai 2016 au-dessus du seuil symbolique des 50 dollars, contre 28 dollars en février. Cette reprise des cours ne serait pas durable à en croire les experts: «A long terme, la baisse des cours des matières premières, estimée à 40% en 2015, devrait se prolonger, tout particulièrement pour le pétrole, le gaz et le charbon», affirme le dernier rapport cyclope. «On est entrés dans une période assez longue de prix durablement déprimés», un type de cycle dont «l’histoire montre que cela peut durer une quinzaine d’année», affirme à l’occasion de la sortie de son rapport annuel, l’économiste Philippe Chalmin, spécialiste des matières premières.
Les cours du brut enregistrent actuellement un certain rebond, pour des raisons conjoncturelles : les gigantesques feux de forêts au Canada ont entraîné une réduction moyenne de 1,2 million de barils par jour et le secteur pétrolier nigérian subit des sabotages à répétition. Malgré une remontée spectaculaire des prix du pétrole, nous sommes très loin des 115 dollars atteints en juin 2014. Le contre choc-pétrolier actuel qui nous ramène aux prix de 2003-2004 est appelé à durer à en croire le professeur Chalmin.
Excès de l'offres
Principale explication, le ralentissement de la demande mondiale, notamment de la Chine, premier importateur mondial de pétrole, de minerais et de métaux. L’excès de l'offre, qui explique la déprime durable des cours, trouve sa source à la fin des années 2000. De peur de manquer de pétrole, de gaz ou de métaux, producteurs et financiers se sont lancés à corps perdu dans de nouveaux projets miniers et énergétiques qui ont contribué à l’abondance actuelle.
Défendre les parts de marché
Face à la montée de la production américaine et iranienne, la réaction de l’Arabie Saoudite a été d’inonder le marché pour sortir les concurrents et garantir ses parts de marché. Avec pour résultat des excédents toujours plus haut, doublés d’une baisse des prix.
Néanmoins, à court terme, on pourrait assister à un «rééquilibrage du marché, car l’excédent est en train de se réduire» sous l’effet de la hausse de la demande des pays émergents. «La baisse de la production aux Etats-Unis, en raison d’un pétrole de schiste devenu moins rentable, peut-être à l’origine d’un redressement des prix», estime Francis Perrin, auteur du chapitre Pétrole du rapport Cyclope. Face aux prix bas, certains producteurs américains ont dû mettre la clé sous la porte, ou limiter leur production.
En revanche, le retour de l’Iran sur les marchés devrait peser sur les prix. Depuis la levée des sanctions, Téhéran n'a l'intention de plafonner ni sa production, ni ses exportations. Sa rivalité avec l'Arabie Saoudite a largement contribué à l'échec des négociations sur un gel de la production à la mi-avril à Doha.
A plus long terme, la croissance de l’Inde et de l’Afrique pourraient toutefois redonner quelques couleurs à la demande de matières premières.
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