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Mali : les islamistes ont-ils recruté des enfants soldats ?

REPORTAGE | C'est une situation inédite pour le Mali. Des enfants auraient été enrôlés par les différents groupes d'islamistes lorsque ceux-ci occupaient le nord du pays. L'envoyée spéciale de France Info au Mali, Anne Lamotte, a recueilli le témoignage d'un journaliste de Tombouctou qui aurait été témoin de ces enrôlements.
Article rédigé par Anne Lamotte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Reuters)

Tombouctou,
ville-phare de l'Islam en Afrique subsaharienne située à 900 km au nord-est de Bamako. Sa population a vécu sous le joug des islamistes entre juin 2012 et sa libération par
les armées françaises et maliennes fin janvier
. Anne Lamotte a rencontré
Almouzer Yattara, journaliste à l'ORTM, l'Office de Radio Télévision du Mali, la
chaîne publique du pays. Almouzer, 28 ans, est originaire de Tombouctou. L'année
dernière pendant des mois, il assure avoir vu dans sa ville les islamistes d'Aqmi
approcher, amadouer puis endoctriner des enfants à partir de 10 ans environ.

Leur
technique ? D'abord distribuer des " petits cadeaux " comme les appelle
le journaliste : " Boîtes de biscuits, des cartons de lait, du thé " . Des
présents que les enfants sont chargés de remettre à leurs parents. A chaque
sacrifice de mouton, " les islamistes donnaient la tête et les pattes aux
enfants
" , se souvient-il. "Et après, ils faisaient des séances de prières, puis après la prière ils racontaient aux enfants la Charia" , continue Almouzer.

Enfin explique le journaliste, à Tombouctou les enfants servaient d'informateurs,
d'espions à Aqmi : " Ils pouvaient s'introduire dans telle ou telle maison
et rapporter les activités d'untel ou d'untel
" .

Il
affirme également que beaucoup d'enfants étaient armés à Tombouctou avec des munitions, des chargeurs et des grenades. Lesquelles selon Almouzer
servaient aux islamistes pour manipuler les enfants.

Le doute demeure sur le nombre d'enfants soldats

A
Tombouctou et ses alentours, Almouzer parle de dizaines d'enfants et d'adolescents
enrôlés. C'est le seul témoignage du genre recueilli par l'envoyée spéciale de France Info. Mais Anne Lamotte a rencontré l'Unicef à Bamako. Et l'association humanitaire recueille
des témoignages semblables en provenance des villes qui ont été occupées dans le nord du Mali. Elle
a aussi rencontré deux enfants qui avaient réussi à s'échapper. Sa première
conclusion : il y a bien eu endoctrinement idéologique.

Mais combien étaient-ils
exactement ? Et à quoi ont-ils servi précisément ? Ont-ils combattu aux côtés
des islamistes ? Ont-ils servi par exemple de bouclier comme on l'a vu dans
d'autres pays ? Pour l'instant
l'Unicef répond qu'il est bien trop tôt pour le dire. Et elle se prépare sur le
terrain à prendre en charge les victimes. Deux centres d'accueil devraient ouvrir
avant la fin du mois l'un à Mopti, dans le centre du pays, l'autre à Ségou plus
au sud.

Human
Rights Watch
elle va plus loin et affirme que trois enfants sont morts au
combat à Konna. D'après HRW des centaines de jeunes auraient été recrutés.

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