Les tensions continuent en Egypte
Après les heurts de la nuit de vendredi à samedi, provoquant la mort de 72 personnes et en blessant 400 autres, le gouvernement
égyptien tente de lutter contre l'escalade des mouvements de violence depuis la destitution du président Morsi. Mais les affrontements entre anti et pro Morsi continuent et 15 personnes ont encore été blessées dans la nuiot de samedi à dimanche.
Suite des affrontements
Les affrontements de vendredi ont été les plus meurtriers depuis le début des conflits provoqués par la destitution du président Morsi, qui ont jusqu'à présent tués 300 personnes. Samedi soir, les pro-Morsi étaient des milliers à se réunnir pour camper Place Rabaa al Adawiya, où ils se livrent à un sit-in depuis la fin du gouvernement Morsi.
C'est suite aux obséques d'un jeune pro Morsi samedi, que les batailles ont repris à Port Saïd, dans le nord-est de l'Egypte. Selon des témoins, des coups de feux ont été tirés en direction d'une église copte orthodoxe. Bilan de la nuit : 15 blessés, selon des hôpitaux.
Fin du sit-in
La majorité des islamistes égypiens tués dans la nuit, étaient venus à Le Caire afin de manifester leur soutien au gouvernement Morsi. Depuis trois semaines, les
pro-Morsi se livraient notamment à un sit-in dans différents lieux de la ville. Ce
samedi, en début d'après midi, le pouvoir annonçait qu'il allait disperser "très
prochainement " les partisans.
Certains manifestants, campant autour de la mosquée de Rabaa Al-Adawiya, ont déclaré s'attendre à de nouvelles effusions de sang à cette occasion. Lors d'une conférence de presse, le
ministre de l'Intérieur a également affirmé que les forces de l'ordre agiraient "dans le
cadre de la loi ", tout en veillant à ce qu'il y ait "le moins de pertes
possibles ".
(Le ministre de l'Intérieur égyptien a annoncé le retour d'un état de sécurité).
Réactions dans le monde entier
Human Right Watch, l'organisation internationale de défense des droits de l'Homme, a dénoncé ce dimanche la tueri du Caire, en accusant les autorités d'un "mépris criminel de la vie humaine ". Pour Nadim Houry, directeur de l'organisme pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, les morts de la fin de semaine montrent "une volonté choquante de la part de la police et de certains politiques de faire monter d'un cran la violence contre les manifestants pro-Morsi ".
Quelques personnalités, dont certaines soutenaient le renversement du gourvenement Morsi, ont condamné la mort des manifestants. Cheikh Ahmed Al-Tayeb, imam d'Al-Azhar, a demandé une "enquête urgente" sur les violences de la nuit de vendredi à samedi.
Pour sa part, l'opposant Mohamed El Baradeï, par ailleur prix Nobel de la paix, a déclaré son indignation face aux événements de vendredi, déplorant "le recours excessif à la force ".
(Je condamne fermement l'usage excessif de la force et le nombre de victimes. Il travailler dur pour la fin de l'impasse, de manière pacifique. Dieu protège l'Égypte et les victimes).
Les frères musulmans ont eux condamné un "massacre inhumain " qui ne ferait que "renforcer (leur) détermination à refuser le coup d'Etat et exiger le retour de la légitimité incarnér par le président élu ".
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a par ailleurs fait par de son inquiétude face à cette "explosion de violence", tout en rappelant aux autorités égyptiennes leur "obligation morale et légale de respecter le droit de manifester de manière pacifique".
Appel au calme de la France
Réagissant aux morts de la nuit, la France a pour sa part appelé "toutes les parties et notamment l'armée à la plus grande retenue ". Déplorant "le bilan déjà lourd des heurts en Egypte ", le porte-parole du quai d'Orsay, Philippe Lalliot, a suggéré "la recherche du compromis pour qu'une solution politique se dégage pacifiquement ".
Il faisait ainsi allusion à l'organisation des élections "dans les meilleurs délais, conformément aux engagements pris par les autorités ". Depuis la destitution de Morsi il y a trois semaines, plus de 250 personnes sont mortes des violences en Egypte.
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