Les responsables de l'opposition iranienne seront poursuivis pour menées subversives contre la révolution islamique
L'annonce en a été faite jeudi par le responsable du système judiciaire, l'ayatollah Sadegh Larijani.
Les appels se sont multipliés dans le camp conservateur pour un procès rapide et un "châtiment sévère" de l'ex-Premier ministre Mirhossein Moussavi et de l'ex-chef du Parlement Mehdi Karoubi.
Ces derniers sont les principales figures de l'opposition depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009. Ils sont à l'origine du Mouvement vert, né à la suite de cette présidentielle. Lequel mouvement avait appelé ses partisans à manifester lundi 15 mars à Téhéran et dans d'autres villes du pays en solidarité avec les mouvements de protestation en Egypte et en Tunisie.
A l'occasion des manifestations de lundi, des dizaines de personnes ont été blessées et de nombreuses autres arrêtées. Il s'agissait des premiers rassemblements de l'opposition depuis un an. Rassemblements interdicts par le pouvoir qui avait organisé des déploiements policiers massifs.
"La trahison des chefs de la sédition est visible de tous, et ce groupe de Khavarej [un groupe qui se rebelle contre le pouvoir religieux, NDLR] doit savoir que (malgré) la bonté islamique, nous n'accepterons pas qu'ils portent atteinte au régime", a déclaré l'ayatollah Sadegh Larijani. Plusieurs députés radicaux ont réclamé la peine de mort contre Karoubi et Moussavi, que le pouvoir présente comme des complices des Etats-Unis et d'Israël.
Mercredi, Mehdi Karoubi, ancien président du Parlement, a annoncé qu'il était prêt à "payer le prix" de son engagement. Dans le même temps, les sites internet des deux opposants, Sahamnews et Kaleme, ont publié un communiqué du "Conseil pour la coordination de la voie verte de l'espoir" annonçant une nouvelle manifestation dimanche 20 mars en "mémoire" des deux jeunes tués lors des rassemblements antigouvernementaux du lundi 14 février.
Ces derniers jours, la télévision a montré des images de députés ou de manifestants demandant que "Moussavi et Karoubi soient pendus". Les responsables de la République islamique entendent désormais les "empêcher de publier des déclarations".
Malgré les menaces et leur surveillance par les forces de sécurité, Mirhossein Moussavi et Mehdi Karoubi, placés de facto en résidence surveillée depuis plusieurs jours, publient régulièrement des déclarations par le biais, notamment, de leurs sites internet. "Ouvrez vos oreilles avant qu'il ne soit trop tard et entendez la voix du peuple", a lancé M. Karoubi mercredi au pouvoir.
Des responsables conservateurs modérés qui n'ont jamais caché leur hostilité au gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad se sont joints aux appels lancés contre les chefs de l'opposition. L'actuel maire de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf, considéré comme un conservateur modéré hostile au président iranien, a affirmé que "les chefs de la sédition n'ont ni religion ni cervelle", selon le quotidien Hamshahri. Le chef du petit parti réformateur Mardomsalari (Démocratie) a également condamné l'appel à manifester de lundi. "Nous condamnons les actions contre-révolutionnaires et Moussavi et Karoubi ont eu tort de lancer un appel" à ces manifestations, a déclaré Mostapha Kavakebian cité par l'agence Mehr.
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