Les militaires accusés du meurtre de Firmin Mahé reconnaissent avoir "franchi la ligne rouge"
"Ce qui a fait de
nous des mauvais soldats, ce n'est pas le fait d'avoir rempli cette mission,
c'est que cette affaire soit sortie six mois après ". Cheveux ras, bras
croisés, Guy Raugel, 48 ans, reconnaît avoir étouffé Firmin Mahé, en Côte
d'Ivoire, il y a sept ans.
Les faits remontent au 13
mai 2005 : blessé à la jambe lors d'un accrochage avec des militaires français,
Firmin Mahé est interpellé. Il est soupçonné d'être un "coupeur de
route", un criminel qui sème la terreur dans les "zones de
confiance" surveillées par la France, dans le cadre de l'opération
Licorne, une opération de soutien à l'Onuci (Opération des Nations unies en Côte
d'Ivoire). Firmin Mahé meurt en route, étouffé par un sac plastique.
Pas de visas pour les
proches de la victime
Lors des premières
audiences du procès qui a commencé ce mardi à la Cour d'assises de Paris,
l'adjudant-chef Guy Raugel a déclaré attendre "une certaine délivrance
de ce procès ". Il a "le sentiment d'avoir fait son devoir,
tout en ayant dépassé la ligne rouge ". A la presse, il affirme rester
convaincu que la victime était un criminel. Affirmation contredite par l'avocat
de la victime, qui déplore par ailleurs que les proches de Mahé n'aient pas
encore obtenu de visas pour assister à l'audience.
Avec Guy Raugel,
comparaissent le brigadier-chef Johannes Schnier qui maintenait Firmin Mahé
pendant le meurtre, le brigadier Lianrifou Ben Youssouf, chauffeur du blindé,
et le colonel Eric Burgaud, colonel et chef de corps à l'époque. Tous ont
quitté l'armée depuis. Le juge a lu des appréciations élogieuses de leurs états de service, datées d'avant mais aussi après les faits.
Un sens "sacré "
de la mission
Pendant leur audience, les
accusés ont parlé de leur amour de l'armée et de leur sens du service. Eric
Burgaud a évoqué son "sens sacré de la mission, ça veut dire que c'est
au-desus de tout ". Il reconnaît avoir implicitement demandé aux
soldats que Mahé n'arrive pas vivant à destination. Mais affirme que l'ordre
venait de plus haut : il vise le général Henri Poncet, qui aurait lui demandé :
"Roulez lentement, vous me comprenez... ".
Henri Poncet, qui a nié
les faits, a d'ores et déjà bénéficié d'un non-lieu. Lui et Michèle
Alliot-Marie, ministre de la Défense à l'époque, seront entendus en tant que
témoins dans ce procès, prévu pour durer jusqu'au 7 décembre.
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