Les Iraniens se sont déplacés en foule pour assister aux obsèques du grand ayatollah Montazeri lundi matin
Les sites internet de l'opposition parlaient de dizaines de milliers, voire de centaines de milliers de personnes, à la cérémonie à Qom et faisaient état d'incidents après les funérailles.
Hossein-Ali Montazeri, ancien dauphin de l'imam Khomeiny devenu très critique est décédé samedi. Les journalistes étrangers étaient interdits aux obsèques.
La foule aurait lancé des slogans anti-gouvernementaux et le site internet de l'opposition Rahesabz a rapporté des incidents entre des miliciens favorables au gouvernement et la foule. Selon plusieurs sites proches des réformateurs, les forces de sécurité ont interpellé des partisans de l'opposition qui se rendaient à Qom en autocar dès dimanche.
Le grand ayatollah Montazeri a été inhumé en milieu de matinée dans le mausolée de Masoumeh, soeur de l'imam Reza, 8e imam de l'islam chiite, vénérée par chiites.
Les dirigeants de l'opposition Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, présents à la cérémonie, avaient appelé à une journée de "deuil public" à une participation populaire aux obsèques.
Un dauphin de Khomeiny devenu dissident
Hossein Ali Montazeri, théologien et juriste respecté, a succombé aux suites d'une maladie à l'âge de 87 ans. Il avait été un des théoriciens de la révolution islamique et un des artisans de sa Constitution en 1979, avant de devenir très critique à l'égard du régime et d'entrer en disgrâce en 1989.
Appartenant au courant le plus libéral et progressiste du clergé, l'ayatollah Montazeri avait pris position contre le durcissement progressif du régime à l'égard de ses opposants. Initialement désigné pour succéder à l'ayatollah Khomeiny, il avait notamment protesté contre l'exécution en masse de prisonniers. Il avait finalement été écarté du pouvoir par le père de la République islamique en mars 1989, peu avant la mort de celui-ci. C'est l'actuel guide suprême, Ali Khamenei, qui avait succédé à Khomeiny.
Le grand ayatollah Montazeri avait alors été assigné à résidence dans la ville de Qom, le pouvoir redoutant son influence. La mesure avait été levée en 2003 et il avait retrouvé une certaine liberté de parole.
En août dernier, le grand ayatollah Montazeri avait ainsi qualifié de "dictatorial" le pouvoir religieux en place et estimé que la gestion par les autorités des troubles, après la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin, "pourrait aboutir à la chute du régime".
Pas de journalistes étrangers aux obsèques
Signe de la méfiance du régime à l'égard de cette figure dissidente, les médias officiels ou semi-officiels, en annonçant sa mort, ne lui donnaient pas son titre de grand ayatollah, certains l'appelant même ostensiblement "monsieur" Montazeri.
L'agence officielle Irna écrivait que l'ayatollah Montazeri était "une figure religieuse active pour les émeutiers" (ndlr: les opposants ayant manifesté contre la réélection du président Ahmadinejad), critiquant "ses déclarations sans fondement saluées par les médias contre-révolutionnaires".
Les médias étrangers n'ont pas été autorisés à se rendre à Qom, lundi pour ses funérailles.
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