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Les Indiens amazoniens protestent contre un projet de route à travers un parc naturel, qui est aussi terre ancestrale

Un millier de manifestants indiens d'Amazonie qui marchent depuis un mois vers La Paz, sont arrivés samedi à Yucumo après une journée de tension, qui les a vus forcer un barrage de police et retenir un ministre pendant plusieurs heures, le forçant à marcher avec eux.Un groupe de 200 paysans indiens pro-Morales est résolu à leur barrer la route.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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La marche des indiens amazoniens dénonce un projet de route à travers leur terre ancestrale préservée (AFP PHOTO / AIZAR RALDES)

Un millier de manifestants indiens d'Amazonie qui marchent depuis un mois vers La Paz, sont arrivés samedi à Yucumo après une journée de tension, qui les a vus forcer un barrage de police et retenir un ministre pendant plusieurs heures, le forçant à marcher avec eux.

Un groupe de 200 paysans indiens pro-Morales est résolu à leur barrer la route.

Un cordon de dizaines de policiers était posté entre les deux groupes, distants de moins de 500 mètres, à l'extérieur du village de Yucumo (320 km au nord-est de la capitale La Paz).

C'est un projet de route, visant à désenclaver le centre d'un des pays les moins développés d'Amérique du Sud, qui a fait se dresser ces marcheurs: elle doit traverser un parc naturel, terre ancestrale de 50.000 indiens moxenos, yurakarés et chimanes, trois parmi la mosaïque d'ethnies boliviennes.

Des Amérindiens, vent debout contre le premier chef d'Etat issu de leurs rangs de l'histoire du pays, champion autoproclamé des droits indigènes et auteur d'une Constitution (2009) plaçant l'Indien au coeur de la nation ? Le paradoxe n'est qu'apparent.

Morales, d'origine aymara, a été élu en 2005, réélu en 2009 avec 54%, puis 64% au premier tour. Un soutien ample, majoritairement indien, populaire, rural comme urbain. Mais une véritable auberge espagnole, vouée à se fissurer entre des intérêts catégoriels divergents, ont vite prédit de nombreux analystes. Un patchwork précaire, à l'image d'un pays aux 37 langues officielles de "peuples indigènes originaires paysans" reconnues par la Constitution.

Ce conflit de la route du parc Isoboro Secure est par ailleurs un enjeu d'ordre foncier, politique, clientéliste. Dans une zone lorgnée par les planteurs de coca, famille syndicale dont est issu Morales, mais où vivent des communautés indigènes.

"Le projet (routier) vise aussi à consolider l'acquisition de terres par des paysans plutôt riches (cultivateurs de coca), près de terres de yurakarés, moxenos et chimanes, des paysans pauvres", décrypte Enrique Ormachea, du Centre d'études pour le développent agraire et du Travail ( CEDLA).

"Nous ne laisserons pas avancer cette marche", a affirmé dimanche Adrian Lovera, un dirigeants de ces paysans, alliés politiques du président socialiste Evo Morales.

La marche indienne, partie il y a un mois de Trinidad (nord) pour un périple de 600 km sur La Paz, a gagné en soutiens politiques, cristallisant le mécontentement d'opposants, ou d'anciens alliés du
gouvernement. La principale centrale syndicale de Bolivie, la COB, a appelé à une grève générale pour mercredi, en soutien aux marcheurs indigènes.

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