Les forces soutenant le président élu Alassane Ouattara ont pris lundi la ville de Bloléquin dans l'ouest ivoirien
A Abidjan, des milliers de jeunes partisans du chef d'Etat sortant Laurent Gbagbo cherchaient à s'engager.
Plus de 90.000 Ivoiriens se sont réfugiés au Liberia depuis le début de la crise, ce qui "pose une menace grave à la stabilité du Liberia et (...) à l'ensemble des pays d'Afrique de l'Ouest", a dit la présidente du Liberia, Mme Johnson-Sirleaf.
Les 23 et 24 mars la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) tiendra un sommet sur la crise, qui tourne à la guerre civile.
Frontalier du Liberia, l'Ouest ivoirien est l'un des théâtres des combats depuis février entre les camps pro-Ouattara et pro-Gbagbo, avec Abidjan où la flambée des violences nées de la crise post-électorale - l'élection présidentielle controversée du 28 novembre entre le président sortant Laurent Gbagbo et son rival du Nord, Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale - fait craindre une guerre civile. Près de 440 personnes ont été tuées depuis fin 2010, selon l'ONU.
Après avoir pris dans l'Ouest quatre villes au camp Gbagbo en un mois, l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) alliée à Alassane Ouattara, qui tient la moitié nord du pays depuis son putsch raté de 2002, a conquis lundi Bloléquin. Avec la prise de Bloléquin, les forces pro-Ouattara sont désormais à environ 80 km de la ville de Duékoué, important carrefour menant à l'est vers la capitale politique Yamoussoukro, et au sud vers le port de San Pedro, plus grand port d'exportation de cacao au monde.
Conséquence des tensions dans la zone, plus de 90.000 Ivoiriens se sont réfugiés au Liberia depuis le début de la crise en Côte d'Ivoire, dont plus de la moitié depuis fin février. Lundi, les services d'immigration libériens ont avoué être désemparés face à cet afflux de réfugiés.
Des jeunes partisans de Gbagbo veulent s'enrôler
A Abidjan, plusieurs milliers de jeunes partisans de Laurent Gbagbo ont afflué lundi vers l'état-major pour s'enrôler dans l'armée.
Charles Blé Goudé, chef des "Jeunes patriotes", les plus fervents partisans de Laurent Gbagbo, avait appelé samedi les jeunes "prêts à mourir pour leur patrie" à "s'enrôler".
Lors d'une cérémonie aux airs de meeting sur un immense terrain dans l'enceinte du camp de l'état-major, le général Philippe Mangou, qui était accompagné de Charles Blé Goudé, s'est adressé à la foule des volontaires.
De nombreux observateurs, craignant d'éventuels dérapages, s'interrogent sur la formation et l'armement qui seront fournis à ces recrues, peu habituées à la discipline militaire. Les craintes sont d'autant plus vives que les violences se multiplient.
Le Liberia redoute une instabilité régionale
La présidente du Liberia, Ellen Johnson-Sirleaf, a déclaré dans un entretien accordé à Reuters lundi à Monrovia: "Nous sommes déjà en guerre. Nous espérons qu'il n'y aura pas d'escalade du conflit."
Selon elle, "cela pose une menace grave à la stabilité du Liberia et, je dois dire, à l'ensemble des pays d'Afrique de l'Ouest". "La crise ivoirienne a disparu des radars", a encore déploré Mme Johnson-Sirleaf en faisant état d'une pénurie au Liberia d'infrastructures et de vivres pour accueillir les réfugiés venus de Côte d'Ivoire. Elle craint également un trafic d'armes à la frontière. "Cela risque aisément de ranimer les tensions entre d'anciens belligérants", fait-elle valoir.
Le Liberia, qui se remet avec difficulté d'une guerre civile meurtrière (1998-2003) qui a ruiné l'économie, est confronté aujourd'hui à un afflux massif de réfugiés fuyant les combats en Côte d'Ivoire.
A la mi-janvier, le Haut-Commissariat de l'Onu pour les réfugiés avait lancé un appel à la communauté internationale pour réunir 46 millions de dollars mais la crise libyenne et le séisme au Japon ont depuis capté l'attention des opinions publiques et la générosité des donateurs. Début mars, le HCR signalait n'avoir récolté que cinq millions de dollars.
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