Les Etats-Unis, droit dans le mur budgétaire ?
Dernier épisode en date :
on avait quitté le Congrès, début janvier, sur un accord provisoire obtenu à la
dernière minute. Un accord qui convenait d'une hausse d'impôts pour les foyers
au revenu supérieur à 450.000 dollars par an (au lieu du seuil de 250.000
dollars voulu par Barack Obama). En échange de quoi, la date limite du
"mur budgétaire" était retardée de deux mois.
Nous voilà donc à quelques
heures de cette ultime deadline . Les Etats-Unis sont au bord du fiscal
cliff , traduit en Français par mur (ou précipice) budgétaire : si aucun
accord définitif n'est voté par le Congrès au 1er mars, les Etats-Unis seront
précipités dans un ensemble de coupes budgétaires drastiques, à hauteur de 85
milliards de dollars pour l'année 2013.
Le FBI au chômage technique ?
Entouré d'agents en
uniforme, le ton grave, Barack Obama a encore une fois brandi la menace des
conséquences concrètes de cette absence d'accord, mardi dernier : "Si
le Congrès laisse ce couperet tomber, cela mettra en péril notre capacité
militaire à intervenir, et cela sapera les investissements créateurs d'emplois
dans l'éducation, l'énergie et la recherche médicale ", a-t-il déclaré.
Ce dimanche, les services
de la présidence ont publié des estimations chiffrées sur les conséquences des
restrictions attendues : ainsi, dans l'Etat de New-York, 7.170 enfants seraient
privés de vaccination contre la rougeole. Quelque 90.000 civils employés par la
Défense américaine pourraient être mis à pied temporairement. Autre conséquence
symboliquement lourde, les agents du FBI se retrouveraient au chômage
technique. Le "séquestre", c'est le nom de cet ensemble de mesures, touchera
aussi les douanes, les professeurs, les aéroports, etc.
Le président de la Réserve fédérale (Fed) Ben Bernanke s'est exprimé quant à lui ce mardi : lui aussi a appelé les élus à éviter les coupes massives dans les dépenses publiques. Elles pourraient, selon lui, ralentir la reprise de l'économie américaine.
Le Congrès s'est lui-même
lié les poings
Comment les Etats-Unis en
sont-ils arrivés à cette situation ? En réalité, le Congrès s'est lui-même lié
les poings, à l'été 2011. A l'époque, la dette publique américaine vient
d'atteindre son plafond (qui correspond à 100% du PIB américain, soit
14.300 milliards de dollars). Pour que le pays ne soit pas mis en faillite, il
faut relever ce plafond. Après des semaines de débat et de crise politique, le
Congrès finit par voter ce relèvement du plafond à 16.394 milliards.
Mais en contrepartie, il
exige qu'un accord soit signé avant le 31 décembre 2012 sur des économies à
faire, à hauteur de 1.200 milliards de dollars sur dix ans. En guise de garantie,
il a alors voté un séquestre, soit un ensemble de mesures qui s'appliqueront
immédiatement si aucune issue n'est trouvée au litige. C'est précisément ce qui
est en train d'arriver, déclenchant ainsi l'application du séquestre. L'accord
trouvé le 1er janvier n'a fait que décaler son entrée en vigueur.
La situation de la dette à nouveau critique
Les chances d'aboutir à un
accord avant vendredi semblent minimes. Il faudrait pour cela concilier les
volontés des démocrates, qui demandent plus de hausses d'impôts pour les plus
aisés, et celles des républicains, partisans de coupes budgétaires notamment
dans les programmes de retraite et d'assurance santé. "A peine le président a-t-il obtenu, le mois
dernier, le s impôts plus élevés pour les plus riches
qu'il réclamait, qu'il demande déjà plus ", s'est indigné John Boehner,
chef de file républicain à la Chambre des Représentants.
Mais il y a plus
inquiétant encore : depuis le relèvement du plafond en juillet 2011, la dette
américaine a continué d'augmenter. Le 31 décembre dernier, elle a franchi ce
nouveau plafond à 16.394 milliards de dollars. Au 22 février, elle s'élevait à
16.609 milliards. Pour l'heure, la Chambre des Représentants a suspendu ce
plafond jusqu'au 18 mai, après quoi il se retrouvera automatiquement augmenté
du montant emprunté entretemps.
Mais ces mesures ne
pourront être que temporaires, et pourront difficilement éviter un nouveau
débat parlementaire autour des questions budgétaires.
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