Les "chemises rouges" ont affiché dimanche leur détermination pour que soient tenues des élections anticipées
La situation est restée tendue à Bangkok, au lendemain d'affrontements particulièrement meurtriers. Les heurts entre militaires et les opposants au gouvernement d'Abhisit Vejjajiva, ont fait au 21 morts et 870 blessés samedi, selon le dernier bilan.
Il s'agit des batailles de rues les plus meurtrières en Thaïlande depuis celles de 1992.
Dimanche matin, les rues de Bangkok étaient calmes mais des milliers de "rouges" continuaient à occuper le quartier commercial et touristique de Ratchaprasong. Un de leurs leaders, Jatuporn Prompan, a appelé implicitement le roi Bhumibol à intervenir pour trouver une issue à la crise.
Un caméraman japonais de Reuters et cinq soldats figurent parmi les victimes de samedi. Les autres sont des civils.
Les forces de l'ordre ont tenté en vain de reprendre le contrôle d'un quartier occupé depuis un mois par les "chemises rouges", ces manifestants qui réclament la démission du Premier ministre.
Samedi soir, l'armée a demandé une "trêve", constatant qu'elle ne parvenait pas à prendre le dessus sur les "chemises rouges", favorables à l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra. Les heurts ont commencé en début d'après-midi, les forces de l'ordre faisant usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau pour regagner du terrain. Des coups de feu à balles réelles ont été tirés en l'air ainsi que des coups de feu à blanc, selon le colonel Sunsern Kaewkumnerd, porte-parole de l'armée.
Face à la situation, la Maison blanche a appelé à la "retenue".
Le gouvernement, qui a instauré l'état d'urgence mercredi à Bangkok, a mobilisé des dizaines de milliers de soldats et policiers dans la capitale, notamment autour du principal quartier commercial, occupé depuis huit jours par des milliers de "chemises rouges". Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva est pressé par sa majorité de "libérer" ce quartier au plus tôt, mais il fait tout pour éviter d'utiliser la force.
Les "rouges", partisans de l'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, ont annoncé leur détermination à poursuivre leur mouvement tant qu'ils n'obtiendront pas l'organisation d'élections législatives anticipées. Ils organisent depuis un mois des manifestations pacifiques.
Des heurts à travers le pays
Plusieurs centaines de partisans de l'opposition thaïlandaise ont fait irruption samedi dans l'enceinte du gouvernorat de Chiangmai, dans le nord du pays, rapporte un témoin.
Les "chemises rouges" avaient promis de faire le siège des bâtiments administratifs de province en cas d'intervention armée contre les manifestants rassemblés depuis près d'un mois à Bangkok. Une cinquantaine de policiers se trouvaient sur les lieux mais ne sont pas intervenus.
Six-cents manifestants ont également pénétré à l'hôtel de ville d'Udon Thani, dans le Nord-Est, selon une chaîne de télévision. (Damir Sagolj et Ambika Ahuja, Jean-Philippe Lefief pour le service français).
Le Premier ministre a accepté de négocier la tenue d'élections avant la fin de l'année
L'état d'urgence interdit tout rassemblement de plus de cinq personnes et permet notamment aux forces de l'ordre de procéder à des arrestations sans mandat de la justice.
Les "rouges", qui s'appuient sur les masses rurales du nord et du nord-est du pays, bastion de Thaksin, exigent la démission d'Abhisit suivie d'élections anticipées.
Abhisit a estimé que depuis le début du mouvement mi-mars, "les rassemblements sont devenus illégaux et anticonstitutionnels, ce qui a terni l'image de notre pays et entamé la confiance des investisseurs". "L'état d'urgence est un moyen légal pour le gouvernement de résoudre la situation (...), cesser la désinformation, poursuivre les leaders des manifestants et prévenir le sabotage de façon efficace", a ajouté le chef de la coalition parlementaire.
Les "rouges" accusent Abhisit, au pouvoir depuis décembre 2008, de servir les élites traditionnelles de Bangkok à leurs dépens et exigent son départ immédiat. Le chef du gouvernement a accepté de négocier des élections anticipées mais pas avant la fin de l'année.
L'opposition réclame aussi le retour à l'ordre constitutionnel en vigueur avant le putsch de 2006 contre Thaksin. L'homme d'affaires vit en exil depuis 2008 pour échapper à une peine de prison pour malversations financières et est accusé par Abhisit d'instrumentaliser les "rouges" à son profit.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.