Les 26 Palestiniens libérés accueillis comme des héros
A l'entrée de la bande de Gaza ou dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie, les visages sont radieux, les banderoles sont nombreuses et la foule est en liesse. Dans une région comme dans l'autre, on fêtait le retour de ceux qui sont désormais devenus des "symboles ".
Vingt-six prisonniers palestiniens viennent d'être libérés. Ils étaient détenus en Israël, pour la majorité, parce qu'ils avaient participé à des attentats contre des Israéliens.
Une condition sine qua non pour Abbas
Leur libération était attendue. Cela fait maintenant plusieurs mois qu'Israël a fait part de son accord. Le 27 juillet, Benjamin Netanyahu avait même expliqué qu'il était prêt à libérer 104 Palestiniens. Une déclaration qui venait marquer la reprise des négociations entre les deux camps, après trois ans de suspension.
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Mahmoud Abbas avait fait de cette libération une condition sine qua none. Mais la décision ne fut pas facile à prendre, pour le gouvernement israélien. Très critiqué sur son aile droite, Benjamin Netanyahu a lui expliqué que "la décision de libérer les prisonniers est une des décisions les plus difficiles" qu'il ait eu à prendre. "Elle est injuste car ces terroristes sont relâchés avant d'avoir purgé leur peine. Mon coeur est avec les familles en deuil ".
Cela avait par ailleurs provoqué la colère de quelque 2 000 Israéliens, dont celle du ministre Uri Ariel – du Foyer juif, un parti nationaliste –, qui manifestent lundi soir devant la prison d'Ofer, près de Ramallah, aux cris de "à mort les terroristes" et brandissent des pancartes sur lesquelles est écrit "Sommes-nous devenus fous ? On libère des assassins" accompagné de photos de victimes d'attentats.
"Pas de progrès tangible"
Les prisonniers sont donc retournés chez eux, en deux groupes. Vingt-et-un ex-détenus ont été emmenés à Ramallah, où ils ont été accueillis par de nombreuses personnes, se ruant sur les camionnettes où ils étaient transportés. Ils ont ensuite été reçus par le présidente de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Les cinq autres anciens prisonniers ont eux rejoint la bande de Gaza, où ils ont également été accueillis par une foule nombreuse.
Malgré tout, les dirigeants palestiniens ne se veulent pas trop optimistes. Un des leaders de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a déclaré mardi que les pourparlers n'avaient "pas fait de progrès tangible ", en déplorant que "l'actuelle position de négociation israélienne soit la pire depuis plus de 20 ans ".
Israël "veut gagner du temps pour renforcer sa politique de colonisation et imposer une nouvelle réalité sur le terrain. Une telle position est de nature à miner les négociations de paix et détruire toute possibilité d'établir un Etat palestinien viable ", a lui accusé le négociateur Yasser Abed Rabbo, secrétaire général du Comité exécutif de l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine).
Renforcement de la colonisation ?
Et les craintes palestiniennes ont rapidement été confirmées par les déclarations d'Israël. Aussitôt après la libération des prisonniers, la radio militaire a annoncé qu'Israël allait construire 1.500 logements dans le quartier de colonisation de Ramat Shlomo à Jérusalem-Est. Cette décision - approuvée par Benjamin Netanyahu et son ministre de l'Intérieur Gidéon Saar - n'a pas été confirmée officiellement.
Elle était toutefois attendue, les médias israéliens ayant déjà révélé que le Premier ministre accompagnerait la libération du deuxième contingent de prisonniers palestiniens d'une autorisation de construction de centaines de logements dans les colonies pour amadouer les durs de sa majorité.
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La semaine dernière, un haut responsable gouvernemental israélien avait affirmé sous le couvert de l'anonymat qu'Israël allait "continuer dans les prochains mois à annoncer des constructions dans les blocs de colonies et à Jérusalem", assurant que "les Américains et les Palestiniens étaient au courant à l'avance de cet arrangement ". Une information que les dirigeants palestiniens ont depuis véhémentement nié. "Créer un lien entre la libération d'un nouveau groupe de prisonniers et l'annonce de milliers de logements dans les colonies va à l'encontre de tous les engagements pris avant les négociations ", avait alors déclaré le négociateur Yasser Abed Rabbo.
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