Le système financier du pays est en pase d'être bloqué
Le quartier du Plateau, à Abidjan, qui abrite les sièges des banques, a vu les clients inquiets des fermetures d'établissements affluer au fil de la semaine.
L'origine de ces fermetures, c'est la rupture en janvier entre Abidjan et la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEA).
L'institut d'émission de l'Uémoa reconnaît désormais l'autorité d'Alassane Ouattara.
"On craint l'effet de contagion, donc on vient retirer un peu sur notre épargne", a expliqué à l'AFP Mme Koffi, chef d'entreprise. "Je préfère avoir mes sous sur moi, on ne sait pas ce qui va se passer", lâchait un militaire.
Au moins cinq banques internationales avaient déjà suspendu leurs opérations jeudi après-midi, dont deux qui dominent le secteur: la Bicici et la SGBCI, respectivement filiales ivoiriennes des banques françaises BNP Paribas et Société Générale.
Cette décision est un séisme dans le pays qui, malgré une décennie de crise politico-militaire, reste de loin l'économie la plus puissante de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa, huit pays). Le régime Gbagbo, isolé financièrement et privé du robinet à francs CFA tente de remettre sur pieds un système bancaire viable à l'échelle ivoirienne. Y compris, selon plusieurs sources bancaires, en mettant "une pression énorme" sur les filiales des grandes banques étrangères, pour qu'elles jouent le jeu. Une partie difficile.
Pour l'économie, déjà mise à mal par les sanctions de l'Union européenne imposant notamment un embargo de fait sur les deux ports, poumon du pays, l'effet du blocage bancaire va être "cataclysmique", prédit une source proche du dossier.
Contrats annulés, plans sociaux drastiques, chômage technique: "tous les secteurs d'activité, transport et industrie notamment", sont en train d'être frappés, affirme un acteur de l'agro-industrie.
Le gouvernement Gbagbo est au pied du mur. Il veut d'abord assurer le paiement des fonctionnaires et militaires, dont la fidélité lui est vitale, et n'exclut pas de réquisitionner des banques.
Côté Ouattara, les doutes et inquiétudes face à cette nouvelle donne existent: "Gbagbo va monter la population contre nous", redoute un haut cadre de sa coalition.
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