Le socialiste Evo Morales a été réélu dimanche dès le premier tour de la présidentielle bolivienne
Les sondages à la sortie des urnes lui donnent 61% à 63% des voix contre 23% à 25% à son principal rival de droite, l'ancien militaire et gouverneur provincial Manfred Reyes Villa. Les résultats officiels devraient être publiés mardi.
Evo Morales, figure de la gauche latino-américaine, était le favori de la présidentielle.
Il devait, pour l'emporter au premier tour, recueillir une majorité de 50%, ou 40% avec dix points d'avance sur le candidat arrivé deuxième. Avec plus de 60%, il devance de 10 points les sondages d'avant le scrutin.
"Le peuple bolivien a de nouveau fait l'Histoire", a lancé Evo Morales, du balcon du Palais présidentiel à plus de 3.000 partisans, qui depuis des heures célébraient sa victoire sur la place d'Armes de La Paz, dansant et scandant "Evo ! Evo !", "Evo de nuevo !" (de nouveau). Il a promis d'"accélérer le processus de changement".
Les Boliviens élisaient également dimanche leur parlement. Le parti présidentiel, le Mouvement vers le socialisme (MAS), recueillerait 24 ou 25 des 36 sièges du Sénat, soit la majorité absolue des deux-tiers. Il était déjà majoritaire à la Chambre des députés. Le contrôle du Parlement garantit au gouvernement une mise en oeuvre sans entrave de sa "refondation" socialiste et pro-indigène du pays, sur la base de la nouvelle Constitution adoptée en janvier 2009. Il pourra aussi amender la Constitution, par exemple sur le nombre de mandats présidentiels -deux consécutifs actuellement. Evo Morales a d'ailleurs évoqué dimanche la possibilité d'un troisième mandat, en considérant que, sur la base de la nouvelle Constitution, le deuxième mandat était un premier.
Une toute-puissance du MAS est redoutée par l'opposition de droite qui dénonce un risque de dérive despotique à la manière du président vénézuélien Hugo Chavez, allié et mentor d'Evo Morales.
Evo Morales, 50 ans, est le premier président indien (aymara) de l'histoire de la Bolivie, pays aux riches ressources naturelles (gaz, minerais), mais l'un des plus pauvres d'Amérique latine. Pendant son premier mandat, il a fortement augmenté les dépenses sociales grâce notamment aux revenus tirés du secteur de l'énergie, nationalisé en 2006. Lors de son second mandat, il a promis de créer des entreprises publiques dans la cimenterie, le papier, les produits laitiers et le secteur pharmaceutique. Il veut que le pays se développe dans les secteurs du fer et du lithium de façon à ce que la Bolivie exporte des produits à valeur ajoutée plutôt que des matières premières.
Evo Morales entretient des relations difficiles avec Washington, notamment en matière de lutte contre la drogue. Alors que la Bolivie est le troisième producteur mondial de cocaïne, le président, ancien cultivateur de coca, a déclaré vouloir en limiter la production tout en l'autorisant pour la mastication traditionnelle et la consommation en infusion.
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