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Le second tour de la présidentielle ivoirienne aura lieu finalement le 28 novembre, selon le Premier ministre

Alors que la date du 21 avait été annoncée, Guillaume Soro a affirmé mardi, à quelques heures d'un conseil des ministres destiné à en fixer définitivement la date, que le scrutin aurait lieu le 28.Le président Laurent Gbagbo est arrivé en tête avec 38,3% au 1er tour , suivi de l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara (32,08%).
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo (à droite). (AFP - Ahmed Ouoba)

Alors que la date du 21 avait été annoncée, Guillaume Soro a affirmé mardi, à quelques heures d'un conseil des ministres destiné à en fixer définitivement la date, que le scrutin aurait lieu le 28.

Le président Laurent Gbagbo est arrivé en tête avec 38,3% au 1er tour , suivi de l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara (32,08%).

"Je peux vous annoncer que le second tour se déroulera bien le 28 novembre, comme initialement prévu par la CEI (Commission électorale indépendante, ndlr) et comme cela devrait être officiellement arrêté lors du Conseil des ministres qui se tiendra aujourd'hui à Abidjan", a déclaré Guillaume Soro au quotidien Aujourd'hui en France/Le Parisien.

En proclamant samedi les résultats définitifs du premier tour du 31 octobre, le Conseil constitutionnel avait annoncé que le deuxième tour se tiendrait le 21 novembre. Une annonce qui avait pris de court les acteurs du processus électoral, notamment l'opposition.

L'ex-chef de l'Etat Henri Konan Bédié, qui a recueilli 25,2% au premier tour, a appelé dimanche à "voter massivement" pour Alassane Ouattara. Une alliance que le président Gbagbo à qualifiée de "contre nature". Avant d'être alliés, les camps Bédié et Ouattara se sont affrontés férocement, dans le sillage du débat sur "l'ivoirité" lancé dans les années 1990 par des partisans d'Henri Konan Bédié contre Alassane Ouattara, exclu du scrutin de 2000 pour "nationalité douteuse".

Ce scrutin doit permettre de faire sortir le pays d'une impasse politique et militaire vieille de huit ans.

L'opposition voulait un recomptage
La commission électorale (CEI) a fait état d'une participation de 60 à 70% pour 5,7 millions d'inscrits. Comme prévu, Alassane Ouattara a réalisé son meilleur score dans le Nord, majoritairement musulman, dont il est originaire. Bédié, alias HKB, a obtenu un beau résultat dans le Centre, dans le "pays Baoulé" dont il est issu. Enfin, Laurent Gbagbo, un Bété, dispose d'un fief électoral dans le Sud et l'Ouest.

Mercredi soir, le parti de l'ex-président ivoirien Henri Konan Bédié, renversé en 1999, avait dénoncé une "volonté manifeste de tripatouillage" des résultats du premier tour et exigé "le recomptage des bulletins de vote". HKB a terminé troisième avec 27% des votes.

La demande de Konan Bédié a été relayée, samedi, par l'ensemble des chefs d'opposition, Alassane Ouattara compris. Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), coalition de quatre partis d'opposition dont MM. Bédié et Ouattara sont les leaders, "exige la reprise du comptage des bulletins de vote", selon une déclaration lue à Abidjan par le porte-parole Alphonse Djédjé Mady.

Selon le RHDP, de "graves irrégularités" auraient entraîné "la perte de centaines de milliers de voix de ses candidats", donc en faveur du président sortant. L'ONU, de son côté, a également noté "des irrégularités mineures".

Un premier tour sans incident
Avant le scrutin, Laurent Gbagbo était donné favori face à l'ancien président Henri Konan Bédié et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara. Ces trois hommes dominent la vie politique depuis la mort en 1993 du "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny.

"Les élections se déroulent dans le calme. Nous sommes satisfaits", avait estimé au moment du 1er tour Henri Konan Bédié, qui porte les couleurs du PDCI de feu Félix Houphouët-Boigny. De son côté, Ouattara, surnommé "ADO" par ses compatriotes, déclarait : "Bien entendu, nous demandons que cela se passe dans la paix et que cela conduise également au changement dont les Ivoiriens ont tant besoin". Le dirigeant nordiste avait ajouté: "Je voudrais féliciter les forces de l'ordre pour l'encadrement des électeurs. Partout dans le pays, on me signale que les choses se passent bien."

Quelque 5,7 millions d'Ivoiriens étaient appelés aux urnes ce jour-là.

La France positive mais vigilante
"Le danger, c'est que les résultats ne soient pas acceptés par les uns ou les autres. Nous sommes raisonnablement optimistes mais nous resterons vigilants", affirmait-on dans l'entourage du président Nicolas Sarkozy peu avant le premier tour. A l'avenir, "la Côte d 'Ivoire a vocation à redevenir un partenaire important de la France en Afrique", a-t-on ajouté.

Les rapports Paris-Abidjan s'étaient largement dégradés sous la présidence de Jacques Chirac (1995-2007): les partisans du président ivoirien ont reproché à la France de ne pas avoir apporté son aide contre les rebelles en 2002, et l'ont même accusée de soutien au putsch.

Les tensions avaient atteint leur paroxysme en novembre 2004, avec un bombardement de l'aviation ivoirienne causant la mort de 9 soldats français à Bouaké (centre), des affrontements sanglants entre armée française et manifestants ivoiriens à Abidjan, et le départ de près de 8000 ressortissants français.

Aujourd'hui, la France ne compte plus en Côte d 'Ivoire qu'environ 12.000 ressortissants (contre cinq fois plus dans les années 1980), elle a fermé en juin 2009 sa seule base militaire permanente mais maintient sur place 900 soldats dans le cadre de sa force Licorne, placée sous bannière onusienne. La prochaine étape sera la renégociation de l'accord de défense qui lie les deux Etats depuis 1960.

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