Le roi Abdallah II de Jordanie a nommé Maarouf Bakhit pour remplacer Samir Rifaï à la tête du gouvernement
Il l'a chargé de mener de "réelles réformes politiques", annoncé mardi le palais royal après plusieurs manifestations de l'opposition au cours des dernières semaines.
Le Front de l'Action Islamique (FAI), principal parti d'opposition en Jordanie, a aussitôt critiqué le choix de Maarouf Bakhit, estimant qu'il n'est "pas un réformateur".
"Il semble que le train des réformes n'est pas encore en marche. Nous sommes contre ce Premier ministre", a déclaré à l'AFP le secrétaire général du FAI, Hamzeh Mansour, assurant que les manifestations allaient se poursuivre puisque "les raisons de ces manifestations (étaient) toujours valables".
Le roi a demandé à Maarouf Bakhit, un ancien Premier ministre (2005-2007), "de prendre des mesures rapides et claires pour des réformes politiques réelles qui reflètent notre vision pour des réformes générales modernes soutenant notre action en faveur de la démocratie", dans sa lettre de désignation, selon le palais. "Nous voulons des réformes qui ouvrent la voie à notre peuple vers plus d'opportunités et une vie décente qu'il mérite", a ajouté le roi.
Plusieurs manifestations ont eu lieu en janvier en Jordanie pour réclamer la démission de M. Rifaï, à la tête du gouvernement depuis un peu plus d'un an, en raison de la politique économique de son gouvernement.
La nomination de M. Bakhit, 64 ans, un ancien militaire, ambassadeur en Turquie (2002) puis en Israël (2005) devrait calmer la rue en Jordanie, où il jouit d'une grande popularité.
Maarouf Bakhit, un homme de l'armée
Maarouf Bakhit a fait carrière dans l'armée et a le grade de général. Il a en outre été coordinateur des pourparlers de paix dès sa mise à la retraite en 1999. La Jordanie et Israël ont signé la paix en octobre 1994. M. Bakhit a ensuite été nommé ambassadeur en Turquie, puis en Israël où il n'est resté que sept mois. Le roi l'avait en effet rappelé pour le nommer directeur de son bureau et adjoint à la Sécurité nationale.
Cet "homme de confiance" du roi, avait été nommé Premier ministre en 2005, deux semaines après un triple attentat suicide à Amman en novembre qui avait fait 60 morts. Son gouvernement avait entamé un vaste programme de réformes, mais avait reçu instruction du roi surtout de "mener une guerre sans merci contre les groupes extrémistes et contre leur idéologie".
Le roi accusé de fraude lors des élections
"Maarouf Bakhit a conduit les pires élections législatives en Jordanie" lors de son mandat de Premier ministre en 2007, a expliqué Zaki Bani Rsheid, membre du comité exécutif du FAI.
Le roi Abdallah II avait indirectement reconnu la fraude dans ces élections lorsqu'il a dissous la Chambre des députés en 2009, deux ans avant la fin de son mandat. Mais les islamistes ont boycotté les nouvelles élections en novembre, s'estimant lésés par la loi électorale.
"Le choix du roi est étonnant, car c'est sous M. Bakhit que des élections douteuses ont eu lieu", a confirmé Mohamad Masri, chercheur au Centre d'Etudes Stratégiques de l'université jordanienne.
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