Le rêve américain de Criteo
"Criteo" : ce nom a rarement fait la une des médias. Et pourtant, cette start-up française est sur le point d'aller concurrencer les géants du numérique mondial de l'autre côté de l'Atlantique.
Ce mercredi, Criteo fait son entrée au NASDAQ, l'indice des valeurs technologiques de la Bourse de New York. Le marché électronique, en quelque sorte. Elle y parlera désormais d'égal à égal avec Facebook et Apple. Ou presque.
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Retrouver les internautes en fonction des sites visités
Spécialisée dans le "ciblage publicitaire ", cette pratique qui consiste à cibler les utilisateurs selon les sites qu'ils ont visités, et à leur proposer des publicités en fonction, cette start-up made in France a connu une progression fulgurante pour en arriver là.
Créée en 2005 (elle a seulement huit ans), elle a enregistré une progression de 200.000 % de croissance les cinq dernières années, ce qui lui a valu d'être classée par le cabinet Deloitte l'an dernier comme l'entreprise technologique ayant connu le plus fort taux de croissance en Europe depuis cinq ans.
En chiffres, cela donne : 700 employés, 4.200 clients dans 37 pays différents et 400 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, dont 85% générés à l'étranger. Et pourtant, l'entreprise n'est rentable que depuis 2009...
Trop grande pour l'Europe
Une progression telle que pour la poursuivre, Criteo a décidé de faire son entrée en bourse. Elle deviendra seulement la deuxième entreprise française à intégrer le NASDAQ, et la première depuis Business Objects, en 1994.
A l'époque, l'action de cette entreprise créée à Puteaux était de 17,5 dollars. Criteo fait encore mieux, puisque ses actions devraient s'élever à hauteur de 31 dollars, valorisant la start-up autour d'1,5 milliard de dollars (chiffre que l'entreprise n'a pas confirmé). Même si c'est difficilement comparable, l'action de Facebook, lors de son entrée au NASDAQ, était autour de 38 dollars.
"On peut regretter que des pépites françaises comme Critéo soient obligés d'aller se faire coter aux Etats-Unis" (Jamal Labed)
"Criteo est une très belle société et c'est une forme de reconnaissance car il y a très peu d'entreprises numériques françaises cotées aux États-Unis ", a commenté Jamal Labed, président de l'Association française des éditeurs de logiciels et solutions Internet, dont Criteo a été un des membres fondateurs.
"Cependant, on peut regretter que des pépites françaises comme Criteo soient obligées d'aller se faire coter aux Etats-Unis car il n'y a pas d'équivalent d'un Nasdaq en Europe ", a-t-il noté.
Les plus petits actionnaires seront millionnaires
Qui sont les hommes derrière un tel succès ? Trois co-fondateurs : Jean-Baptiste Rudelle (44 ans), le PDG, Romain Nicolli (35 ans), le directeur technique, et Franck Le Ouay (36 ans), le cerveau à l'origine de l'outil. Ils détiennent un peu moins de 20 % du capital à eux trois, le reste étant détenu par des fonds américains et français.
Mais, valorisés à hauteur de 2 milliards de dollars, ils devraient s'en sortir. Le site Rudebaguette a fait le calcul : tous les employés détenant 0,06% du capital seront millionnaires. Pas encore suffisant pour concurrencer réellement Google - les deux entreprises sont sur le même terrain, celui du ciblage publicitaire -, mais déjà suffisant pour recevoir les félicitations de Jean-Marc Ayrault.
En décembre 2012, le Premier ministre en personne avait évoqué Criteo, "en train de prendre le chemin " d'un géant mondial "dans le domaine de la publicité en ligne ", lors d'un discours sur l'économie numérique et le "génie spécifique " des ingénieurs et inventeurs français.
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