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Le président tunisien a été définitivement écarté du pouvoir en vertu d'une décision du Conseil constitutionnel samedi

Celui-ci a constaté une "vacance du pouvoir" et estimé qu'en vertu de la loi fondamentale tunisienne, il revenait au président du parlement, Foued Mebazaa, et non au Premier ministre Mohamed Ghannouchi, d'assurer l'intérim.Le Conseil tunisien a indiqué par ailleurs qu'une nouvelle élection présidentielle devait se tenir dans les 60 jours.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Le président tunisien par intérim, Foued Mebazaa, le 15 janvier 2011 à Tunis (AFP - FETHI BELAID)

Celui-ci a constaté une "vacance du pouvoir" et estimé qu'en vertu de la loi fondamentale tunisienne, il revenait au président du parlement, Foued Mebazaa, et non au Premier ministre Mohamed Ghannouchi, d'assurer l'intérim.

Le Conseil tunisien a indiqué par ailleurs qu'une nouvelle élection présidentielle devait se tenir dans les 60 jours.

M. Mebazaa a promis d'associer "tous les Tunisiens" au processus politique et de consacrer ainsi le pluralisme et la démocratie. M. Mebazaa a également annoncé que le Premier ministre sortant Mohammed Ghannouchi était toujours chargé de former un nouveau gouvernement, ajoutant que "l'intérêt supérieur du pays nécessite un gouvernement d'union nationale" alors que des hélicoptères de l'armée survolaient la capitale.

Aussitôt, depuis Londres où il vit en exil, le chef du parti islamiste tunisien Ennhadha, Rached Ghannouchi a déclaré samedi qu'il "prépare" son retour dans son pays, et qu'il est disposé à la formation d'un gouvernement d'union nationale. "L'intifada tunisienne a réussi à faire tomber la dictature", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il y a une "une fragmentation" du système politique" et que "cela peut prendre du temps de se mettre d'accord sur une base commune, sur un projet de société commun".

Vendredi, au terme de quatre semaines d'émeutes sanglantes contre son régime, Ben Ali a quitté le pays et s'est réfugié en Arabie saoudite, avec sa femme. Ben Ali, 74 ans, était au pouvoir depuis vingt-trois ans.

"Le gouvernement saoudien a accueilli le président Zine El Abidine Ben Ali et sa famille dans le royaume" et ce "en considération pour les circonstances exceptionnelles que traverse le peuple tunisien", selon le palais royal saoudien. Ryad exprime "son soutien à toute mesure bénéfique au peuple tunisien frère", apporte "sa solidarité totale avec ce peuple et espère la cohésion de tous ses enfants pour surmonter cette conjoncture difficile".

"C'est le premier chef d'Etat arabe amené à fuir le pouvoir sous la pression populaire", a rappelé Zaki Laidi, directeur de recherche à l'Institut d'études politiques de Paris, sur France 24, soulignant : "C'est quand même un événement colossal dans une région du monde qui se caractérise par une longévité non démocratique des régimes".

Les Tunisiens ont eux-mêmes appelé "Révolution du jasmin", la contestation populaire qui a été réprimée dans le sang au prix de plusieurs dizaines de morts.

Après le départ de Tunisie du président Ben Ali, le 14 janvier, le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi s'était présenté vendredi soir à la télévision nationale comme président par intérim. Mais la nomination de M. Ghannouchi laissait la porte ouverte à un retour au pouvoir de Zine El Abidine Ben Ali et avait été contestée aussitôt par des juristes et une partie de l'opposition.

C'est finalement le président du Parlement tunisien Foued Mebezza, qui a été désigné au poste de président par intérim, comme le prévoit la Constitution.

Mebazaa a servi Bourguiba et Ben Ali
Foued Mebazaa, 78 ans, se retrouve propulsé président par intérim de la Tunisie après une carrière politique aux ordres d'Habib Bourguiba, le père de l'indépendance, puis de son successeur Zine El Abidine Ben Ali, en fuite depuis le 14 janvier.

Il doit gérer le processus délicat de transition politique, essentiellement l'organisation d'élections présidentielle et législatives dans un délai de deux mois maximum, dans un pays en plein bouleversement.

Il a été membre, dès sa jeunesse, du Parti destourien qui a gagné l'indépendance de Tunisie en 1956 et qui a dominé la vie politique de la Tunisie. Il gardera son rôle de dirigeant de cette formation rebaptisée Rassemblement constitutionnel démocratique après l'arrivée de Ben Ali au pouvoir en novembre 1987.

Il est devenu en 1997 président du Parlement, une simple chambre d'enregistrement aux ordres de Ben Ali et de son parti. Il a été longtemps le maire de Carthage, la banlieue résidentielle de Tunis, et occupé plusieurs fonctions dans les gouvernements de l'ancien président Habib Bourguiba. Il a été deux fois ministre de la Jeunesse et des Sports en 1973 et 1987, et a détenu successivement les portefeuilles de la Santé et de la Culture (1978-1981).

Le film la journée de vendredi où tout a basculé
Des milliers de manifestants se rassemblent dès le matin à Tunis et en province (Sidi Bouzid et Regueb (centre-ouest), Kairouan (centre)) aux cris de "Ben Ali dehors". Le ministre tunisien des Aaffaires étrangères, Kamel Morjane, estime possible la formation d'un gouvernement d'union nationale.

- Dans l'après-midi, à Tunis, les manifestants sont dispersés par la police à coups de grenades lacrymogènes. Des heurts violents opposent manifestants et policiers anti-émeutes. Des blindés de l'armée se déploient devant les ministères de l'Intérieur, des Affaires étrangères et devant la télévision et radio nationales.

-Ben Ali limoge son gouvernement dans le cadre de mesures d'apaisement annoncées la veille et appelle à des législatives anticipées dans six mois, déclare le Premier ministre Mohammed Ghannouchi, qui indique avoir été chargé de former le nouveau gouvernement.

- L'état d'urgence est décrété dans tout le pays. L'armée contrôle l'aéroport de Tunis qui est fermé.

- Les principaux partis d'opposition tunisiens, légaux comme interdits, demandent "le départ de Ben Ali et l'instauration d'un gouvernement provisoire chargé dans les six mois d'organiser des élections libres", dans une déclaration publiée à Paris.

- Le Premier ministre Mohammed Ghannouchi annonce à 17h GMT à la télévision qu'il assure l'intérim de la présidence en remplacement de Zine El Abidine Ben Ali, qui a quitté le pays après 23 ans de pouvoir. Il lance un appel à l'unité des Tunisiens, toutes sensibilités confondues et assure que la Constitution sera respectée.

Ben Ali accueilli en Arabie Saoudite

Après avoir indiqué ne pas avoir eu de "demande d'accueil" en France du président en fuite, Paris avait fait savoir qu'il examinerait une éventuelle requête "en accord avec les autorités constitutionnelles tunisiennes". Des rumeurs indiquaient alors que le président Ben Ali devait se poser au Bourget, près de Paris.

Vers 22h, la télévision quatarie Al Jazeera précisait que l'avion du président tunisien se dirigeait vers un pays du Golfe et vers 23h Paris confirmait qu'il "ne souhaitait pas" la venue sur son sol du président tunisien.

Ben Ali a finalement été accueilli à Jeddah, en Arabie saoudite, dans la nuit de vendredi à samedi, avec sa famille. Un avion en provenance de la Tunisie transportant une fille et une petite fille de Ben Ali s'est posé sur au Bourget vers 19h30 (18h30 GMT), rapporte .

Réactions internationales
La Ligue arabe
a appelé samedi au calme les partis politiques et les forces vives de la société tunisienne, leur demandant de sortir le pays de la crise au lendemain de la chute du président Zine el Abidine ben Ali. La Ligue, qui faisait là sa première grande déclaration sur la situation en Tunisie, a demandé à "toutes les forces politiques, aux représentants de la société tunisiennes et aux autorités d'être unies pour maintenir les réalisations du peuple tunisien et pour parvenir à la paix dans le pays".

La Ligue a appelé à un retour au calme et exhorté les Tunisiens à parvenir à "un consensus national sur les moyens de sortir le pays de la crise, d'une manière qui garantisse le respect et la volonté du peuple tunisien.

Les autorités égyptiennes, qui suivent étroitement les évènements en Tunisie, disent respecter les choix du peuple tunisien.

La France "prend acte de la transition constitutionnelle" en Tunisie, annoncée par le Premier ministre tunisien Mohammed Ghannouchi, a indiqué vendredi soir un communiqué de l'Elysée. Selon un nouveau communiqué publié samedi par l'Elysée, "la France appelle à l'apaisement et à la fin des violences", et demandé "des élections libres dans les meilleurs délais". Dans le même temps, les services de Nicolas Sarkozy ont fait savoir que les "mouvements financiers suspects des avoirs tunisiens en France (étaient) bloqués administrativement, conformément à la législation".

"Dans cette période cruciale pour la Tunisie, la France est prête à répondre à toute demande de concours afin que le processus démocratique se déroule de la façon la plus incontestable", ajoute-t-il. En déplorant les violences, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, avait suggéré que "lesavoir-faire, reconnu dans le monde entier de nos forces de sécurité, permette de régler des situations sécuritaires de ce type".

Une réunion interministérielle sur la situation en Tunisie s'est tenue samedi à la mi-journée à l'Elysée autour de Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat et le premier ministre, François Fillon, s'étaient déjà entretenu pendant plus d'une heure vendredi soir sur le même sujet.

Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste français, a estimé vendredi soir que le départ du président tunisien Ben Ali "doit permettre la transition démocratique", tout en demandant à la France de "s'engager sans ambiguité en faveur de la démocratie en Tunisie ".

Les Etats-Unis ont invité vendredi soir les autorités tunisiennes à tenir les promesses faites par Ben Ali, et notamment à respecter les droits de l'homme et à procéder à des réformes politiques. Le président américain Barack Obama a salué vendredi le "courage et la dignité" du peuple tunisien après la fuite du président Ben Ali, et appelé le gouvernement à organiser des élections "libres et justes" dans "un proche avenir".

Les principaux partis d'opposition tunisiens, légaux comme interdits, avaient demandé vendredi "le départ de Ben Ali et l'instauration d'un gouvernement provisoire chargé dans les six mois d'organiser des élections libres", dans une déclaration publiée à Paris.

Voir aussi : Sur le site nawaat.org : tout sur Sidi Bouzid vidéos - images -info

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