Le Parlement vénézuélien a voté vendredi une loi accordant au chef de l'Etat des pouvoirs exceptionnels pendant 18 mois
Hugo Chavez, qui dirige le pays depuis près de 12 ans, pourra ainsi promulguer des lois sur la sécurité, la défense, les finances, la coopération internationale, les transports et les services publics...
La loi est passée juste avant le retour à l'Assemblée de l'opposition qui dénonce une dérive dictatoriale.
Quasiment absente du Parlement depuis son boycott des législatives de 2005, l'opposition occupera à partir du 5 janvier 67 des 165 sièges de la nouvelle Assemblée. Elle avait fait presque jeu égal avec la coalition de gauche radicale de Hugo Chavez lors des élections de septembre. Mais elle ne pourra pas abroger cette loi, qui requiert 60 % des députés pour y parvenir.
En promulguant le texte qui l'autorise à gouverner par ordonnance, Hugo Chavez a ironisé sur les élus de l'opposition. "Ils ne seront pas en mesure de faire adopter une seule loi, ces petits Yankees", a-t-il dit. "Ceux qui viendront le 5 janvier ne sont pas des opposants, ce sont des petits Yankees, les défenseurs de la bourgeoisie, les défenseurs de l'Empire [ndlr, les Etats-Unis] et de sa politique d'agression", a-t-il poursuivi.
A l'intérieur comme à l'extérieur du pays, de nombreuses voix ont dénoncé une remise en cause du vote des électeurs et de la séparation des pouvoirs. "C'est un plan du gouvernement pour essayer de retirer tout pouvoir au Parlement et de gouverner de manière absolument autocratique à partir du 1er janvier, sans aucune forme de contrôle", a critiqué le député d'opposition Ismael Garcia. "C'est la quatrième fois que le président Chavez recourt à ces décrets", a ironisé le porte-parole du département d'Etat à Washington. "Il semble trouver des moyens créatifs de justifier ses pouvoirs autocratiques", a-t-il ajouté.
Le président vénézuélien, au pouvoir depuis 1999, a déjà été autorisé à gouverner par décret à trois reprises en 11 ans, en 2000, 2001 et 2008, faisant passer une centaine de lois, dont celle sur la nationalisation de secteurs clefs de l'économie comme le pétrole.
La dernière loi de ce type s'était déjà étendue sur 18 mois, la période la plus longue de l'histoire démocratique du Vénézuéla durant laquelle un chef de l'Etat a joui de telles prérogatives.
"Situation d'urgence" liée aux intempéries
Cette fois, Hugo Chavez a sollicité ces pouvoirs en les justifiant par la "situation d'urgence" provoquée par les intempéries qui ont fait 38 morts et plus de 130.000 sinistrés ces dernières semaines. Sa demande portait initialement sur un an, mais les parlementaires l'ont étendue à 18 mois, à la "demande des sinistrés".
Deux autres lois controversées sont à l'ordre du jour, une sur les télécommunications et une autre dite de "responsabilité sociale en radio et télévision", qui régule aussi l'internet.
"Cet ordre du jour n'a rien à voir avec les problèmes du pays. Il vise à résoudre ceux du président Chavez en termes de leadership", a critiqué la députée d'opposition Pastora Medina, dénonçant l'insécurité croissante et les problèmes d'approvisionnement électrique du premier producteur sud-américain de pétrole.
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