Le pape François tout en nuances et en prudence devant le Congrès américain
Après 55 minutes de discours sur un fil, le pape a dû retrouver avec soulagement la foule des 50.000 admirateurs qui avaient obtenu un ticket pour venir le saluer devant le Congrès, à Washington. C'est d'ailleurs en espagnol que Jorge Bergoglio s'est adressé à eux, pour changer de l'anglais qu'il peine à maîtriser. Au point que bien des congressmen ont dû tendre l'oreille pour comprendre les fines paroles papales.
Pas de critique du capitalisme
Car le souverain pontife s'est livré à un exercice tout en nuances pour éviter de froisser la majorité républicaine des deux chambres - le Sénat et la Chambre des représentants - qui lui reproche d'être un pape "gauchisant". Exit , donc les mercuriales contre le capitalisme, le libéralisme et l'égoïsme de la société de consommation. Il est de ce point de vue resté dans la ligne qu'il avait déjà énoncé dans l'avion qui l'amenait de La Havane à Washington, expliquant qu'il n'avait jamais "été au-delà " de ce qui était inscrit dans la doctrine de l'Eglise.
Changement climatique et réfugiés
Il a tout de même répété aux élus, réunis pour la première fois dans cette enceinte pour écouter un pape, ses priorités, comme la lutte contre le changement climatique : "La juste utilisation des ressources naturelles, la convenable application de la technologie et l'exploitation de l'esprit d'entreprise sont des éléments essentiels d'une économie qui vise à être moderne, inclusive et durable ", explique-t-il. Sur les réfugiés, il appelle à ne pas "reculer devant leur nombre, mais plutôt les voir comme des personnes ".
"La société ne peut que bénéficier de la réhabilitation de ceux qui sont reconnus coupables de crimes "
Le pape a également plaidé pour l'abolition de la peine de mort, sujet clivant aux Etats-Unis : "Je suis convaincu que ce chemin est le meilleur, puisque chaque vie est sacrée, chaque personne humaine est dotée d'une dignité inaliénable, et la société ne peut que bénéficier de la réhabilitation de ceux qui sont reconnus coupables de crimes ". Autre sujet qui irrite les conservateurs, les rapprochements avec Cuba et l'Iran, qualifiant les progrès réalisés de "nouvelles opportunités pour tous ". Si l'accueil a été poli sur ces sujets, il a été plus enthousiaste quand François s'est lancé dans la critique du fondamentalisme religieux. Il a toutefois précisé que tous les fondamentalismes étaient condamnables, qu'ils "soient religieux ou de n'importe quel autre genre ".
Lincoln et Luther King
François a eu l'habileté d'invoquer de grandes figures de l'histoire américaine pour se hisser à la hauteur des circonstances, à commencer par Abraham Lincoln, véritable incarnation des valeurs du pays. Il s'est également référé à Martin Luther King, affirmant que son rêve doit "continuer à nous inspirer ". Interrompu à plusieurs reprises par des applaudissements, il a terminé son allocution en lançant "God bless you" aux congressmen.
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