Le nouveau gouvernement ivoirien intègre les deux principaux partis d'opposition
Un nouveau gouvernement comprenant les deux principaux partis d'opposition a été nommé mardi à Abidjan après plusieurs jours de manifestations pour protester contre la dissolution, le 12 février par le président Laurent Gbagbo, du précédent gouvernement.
De nouvelles violences ont fait deux morts lundi à Daloa, dans l'ouest du pays.
La colère populaire est attisée par les atermoiements du régime concernant la présidentielle prévue il y a cinq ans mais sans cesse repoussée au prétexte que les listes électorales ne comporteraient pas que des Ivoiriens "de souche".
Cette question de l'"ivoirité" est au centre de la crise que connaît la Côte d 'Ivoire depuis la tentative manquée de coup d'Etat contre Gbagbo en 2002, qui a débouché sur une division de facto du pays entre Nord et Sud.
Incidents
Des incidents ont opposé des manifestants aux forces de l'ordre, a fait savoir le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Il y a eu "deux décès" parmi "13 blessés" évacués des lieux de la manifestation vers l'hôpital de la ville par la Croix-Rouge de Côte d 'Ivoire, a indiqué cette source, sans préciser l'origine des décès et des blessures. Interrogée par l'AFP, une source hospitalière a évoqué de son côté "plusieurs morts et plusieurs blessés", sans plus de précision.
L'opposition locale avait organisé dans un quartier une journée "ville morte" contre le président Laurent Gbagbo et des jeunes avaient placé sur la voie des pneus enflammés, a indiqué un responsable local du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition d'opposition). Les forces de l'ordre sont intervenues en lançant des gaz lacrymogènes et ont ensuite tiré "à balles réelles", a-t-il accusé. Une source de la gendarmerie a démenti des tirs à balles réelles et une autre a expliqué que les forces de l'ordre ont dû contenir des "pillards" qui visaient des commerces du centre-ville.
Dimanche, le président burkinabé Blaise Compaoré et les opposants Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara se sont entretenus au palais présidentiel à Ouagadougou. Ils "ont reconnu la gravité de la situation dans le pays et appelé au respect de l'accord politique de Ouagadougou" signé en 2007. Selon eux, la "mise en oeuvre intégrale" de l'accord "devrait permettre d'organiser le plus rapidement possible l'élection présidentielle en Côte d 'Ivoire", reportée depuis 2005.
Annoncée pour lundi, reportée finalement à mardi, la formation du cabinet de Guillaume Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), aura été bloquée depuis une semaine, l'opposition conditionnant son retour au "rétablissement immédiat" de la Commission Electorale Indépendante. Le médiateur dans la crise ivoirienne, le président burkinabè Blaise Compaoré, s'est rendu lundi en Côte d'Ivoire pour y rencontrer les principaux dirigeants.
Les manifestations se poursuivent
Lancées la semaine dernière, les manifestations de l'opposition se sont poursuivies lundi dans différentes villes avec, outre les incidents de Daloa, le saccage du domicile du porte-parole du chef de l'Etat à Katiola (centre).
Par ailleurs, un homme qui défilait à Abobo, en banlieue nord d'Abidjan, a déclaré que deux manifestants avaient été tués par des tirs de la police, ce que cette dernière a démenti.
La grand route menant d'Abidjan, poumon économique du pays, à Yamoussoukro, la capitale politique, était coupée lundi en plusieurs points par des protestataires, a constaté un journaliste de Reuters.
La police aurait ouvert le feu vendredi à Gagnoa. Le chef d'état-major de l'armée loyaliste, le général Philippe Mangou, a fait état de "cinq morts et neuf blessés" dans des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Une source médicale citée par Reuters faisait état de dizaines de manifestants blessés par balles à Gagnoa.
Rappel des faits
Le 12 février, Laurent Gbagbo a dissous la Commision électorale indépendante et le gouvernement. Cette décision a ajourné de fait les perspectives de tenue en mars d'élections présidentielles, maintes fois reportées depuis la fin du mandat de Laurent Gbagbo en 2005. Elle a suscité la colère de l'opposition.
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