Le journaliste et opposant tunisien a été libéré mardi après six mois de prison, a indiqué à l'AFP son épouse Azza Zarad
"Il a été relâché à 6h après avoir purgé la totalité de sa peine, pas un jour de moins", a-t-elle indiqué, ayant reçu un appel de son mari.
Ecroué le 29 octobre, il a été condamné en appel le 30 janvier à 6 mois de prison pour l'agression d'une femme d'affaires dans un procès qualifié de politique par des mouvements de défense des droits de l'Homme.
Après sa libération, le journaliste tunisien a exprimé son souhait de se rendre en France pour la journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai. "Je suis de nouveau libre et je compte aller à Paris avant le 3 mai pour fêter avec mes amis la journée mondiale de la liberté de la presse", a-t-il déclaré à l'AFP, peu après son arrivée à Tunis. "Je vais revoir mes amis, tous ceux qui m'ont soutenu, mon avocat Me (William) Bourdon et mes éditeurs", a-t-il dit, évoquant un ouvrage en préparation sur la prison de Siliana où il a séjourné, "la plus sinistre", selon lui.
Taoufik Ben Brik, 50 ans, a quitté la prison de Siliana, dans le nord-ouest du pays, à 130 km de la capitale. Il y avait été transféré suite à sa condamnation en première instance le 26 novembre 2009.
Le journaliste et ses défenseurs ont dénoncé une machination destinée à le faire taire, après des écrits très critiques dans la presse française contre le président Zine El Abidine Ben Ali. Durant son procès, Taoufik Ben Brik a répété être la cible d'un "procès politique" dans le cadre d'une "affaire fabriquée par les services spéciaux" pour le punir de ses écrits. "J'ai été arrêté deux heures après la parution d'une interview imaginée" avec le chef de l'Etat, au moment de sa candidature pour sa réélection en octobre dernier, disait-il à la Cour d'appel.
"C'est une affaire injuste, nous n'avons rien pu faire face à l'oppression et à la complicité internationale", a déploré son épouse Azza Zarad, qui avait plaidé la cause de son mari au Quai d'Orsay et au Parlement européen à Strasbourg.
Revenant mardi sur cette affaire, Taoufik Ben Brik a réaffirmé: "C'est une entourloupette, tout le monde le sait." Interrogé sur les risques encourus par lui à Paris, où il est sous le coup d'une instruction judiciaire pour une autre affaire de "violence" sur plainte d'une autre Tunisienne, le journaliste a dénoncé une "machination de même acabit".
En 2000, Taoufik Ben Brik avait observé une grève de la faim de 42 jours pour protester contre la situation des droits de l'Homme dans son pays. Or le journaliste est de santé fragile, souffrant d'une maladie dégénérative des défenses immunitaires.
Son arrestation fin octobre et sa condamnation ont provoqué des tensions diplomatiques entre Tunis et Paris. En novembre, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner s'était déclaré "déçu" par les condamnations de journalistes. Tunis avait critiqué alors une "ingérence étrangère dans ses affaires intérieures". Le 16 avril, lors de son premier déplacement officiel à Tunis, et à l'approche de la date théorique de la fin de la peine de Taoufik Ben Brik, le ministre français des Affaires étrangères s'était contenté d'espérer que l'affaire serait réglée d'ici "quelques jours" et avait félicité son homologue Kamel Morjane des "efforts" de la Tunisie en matière de droits de l'Homme.
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