Le général Rondot va témoigner lundi dans les enquêtes sur les moines de Tibéhirine et l'attentat de la DCN à Karachi
Dans le cadre de ses missions, il a suivi l'enlèvement des moines de Tibéhirine en 1996 et l'attentat contre des salariés de la DCN en 2002 à Karachi. Le juge antiterroriste M.Trévidic souhaite l'entendre sur ces affaires.
L'officier de renseignement, qui consignait dans des carnets ses activités, est sorti de l'ombre lors de l'affaire Clearstream.
Philippe Rondot a notamment oeuvré pour la DST (contre-espionnage) et comme conseiller du ministre de la Défense pour le renseignement et les opérations spéciales (Cros) de 1997 à 2005.
Dans le dossier Tibéhirine
Peu après l'enlèvement des sept moines dans leur monastère de Notre-Dame de l'Atlas, au sud d'Alger, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, le général s'était rendu à Alger pour le compte de la DST. Il voulait s'informer auprès du général Smaïn Lamari, patron de la Direction du contre-espionnage algérienne, en lutte contre les maquis islamistes, selon ses rapports à la DST déclassifiés fin 2009.
Dans d'autres rapports, il fait part de ses "considérations (amères) sur la gestion de l'affaire" et déplore - après l'assassinat des moines revendiqué par le GIA de Djamel Zitouni - que "très (trop) longtemps - et pour des raisons d'ordre tactique - Djamel Zitouni et ses groupes ont bénéficié d'une relative tolérance de la part des services algériens".
La thèse d'une manipulation de Djamel Zitouni, voire d'une bavure de l'armée algérienne, figurent parmi les pistes explorées par les enquêteurs français.
Entendu en octobre 2006 par le juge Jean-Louis Bruguière, alors chargé de l'enquête, le général Rondot avait affirmé n'avoir "aucun élément qui irait dans le sens d'une 'manipulation' des services algériens".
Ses fameux carnets, versés au dossier d'instruction, intéressent également les enquêteurs. Dans l'un, il mentionne à la date du 22 janvier 2004 à propos de Tibéhirine un déjeuner "à la popote" avec le juge Bruguière et note qu'il faut "encadrer le juge", a dit une source proche du dossier.
Dans l'affaire de l'attentat de Karachi
Le général Rondot s'est également intéressé à l'attentat qui fit 15 morts, dont 11 Français de la Direction des constructions navales (DCN) le 8 mai 2002 à Karachi, au Pakistan, où il s'est rendu "en mission" le mois suivant. Il fait état dans ses carnets d'un entretien avec le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Dominique de Villepin, le 23 mai 2002 à l'issue duquel il note "interrogation sur le rôle de l'ISI", les services de renseignement pakistanais.
Après avoir privilégié la piste al-Qaïda, l'enquête française s'est orientée vers l'hypothèse de représailles pakistanaises après l'arrêt de versements de commissions sur la vente de sous-marins à Islamabad. Dans cette optique, les enquêteurs s'interrogent sur d'éventuelles manipulations d'islamistes par l'ISI.
Les enquêteurs soupçonnent par ailleurs que l'arrêt du versement des commissions aurait été décidé par Jacques Chirac en raison de soupçons de rétrocommissions en faveur de la campagne électorale d'Edouard Balladur en 1995.
Dans ses carnets, le général écrit d'ailleurs cette note, selon une source proche du dossier: "Karachi. 20 avril 2004. Trésor de guerre. Filière Sarkozy-Hortefeux".
Sollicité par l'AFP, l'avocat du général Rondot, Me Eric Morain, n'a pas souhaité faire de commentaire.
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