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Le FBI aurait poussé des musulmans à préparer des attentats

Un rapport de l'organisation Human Rigth Watch (HWR) accuse le ministère de la Justice et le FBI d'avoir poussé et même parfois payé des musulmans américains pour préparer ou commettre des attentats. Le document cite notamment le cas de Rezwan Ferdaus, qui a été ciblé alors qu'il souffre de troubles mentaux.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Le siège du FBI, à Washington. © REUTERS/Gary Cameron)

Le scénario semble digne d'une série à suspense type Homeland . Tout y est : la manipulation, le secret, le cynisme, mais cette fois, il ne s'agirait pas d'une fiction selon l'organisation Human Right Watch (HWR). Dans un rapport, elle dénonce des pratiques bien particulières du FBI et du ministère de la Justice américain. Après le 11 septembre 2001, ils auraient "encouragé, poussé et parfois même payé " des musulmans américains pour qu'ils commettent des attentats. Une façon pour eux de détecter des "maillons faibles" dans la population.

Le FBI accusé d'avoir créé des terroristes

Sur 500 affaires de terrorismes jugées par les tribunaux américains depuis les attentats contre le World Trade Center, "le ministère américain de la Justice et le FBI ont ciblé des musulmans américains dans des opérations clandestines de contre-terrorisme abusives, fondées sur l'appartenance religieuse et ethnique ", dénonce le document, qui s'appuie sur de nombreux exemples.

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Aidé par l'institut des droits de l'Homme de l'école de droit de l'université de Colombia, HWR s'est particulièrement intéressé à 27 affaires, allant de l'enquête à la détention. 215 personnes ont été interrogées : des inculpés et des condamnés, des avocats, des juges ou des procureurs.  "Dans certains cas, le FBI pourrait avoir créé des terroristes chez des individus respectueux de la loi en leur suggérant l'idée de commettre un acte terroriste ", conclut HWR. Dans la moitié des cas, les condamnations seraient le résultat de coups montés ou de guet-apens. Dans 30 % des cas, l'agent infiltré pourrait avoir joué un rôle actif dans la tentative d'attentat. Andrea Prasow, un des auteurs du rapport, estime que :

"Nombre de ces personnes n'auraient jamais commis de crime si les forces de l'ordre ne les avaient pas encouragés, poussés, et parfois même payés pour commettre des actes terroristes "

L'affaire Rezwan Ferdaus

Deux cas emblématiques sont cités : les "quatre de Newburgh", quatre hommes accusés d'avoir planifié des attentats contre des synagogues et contre une base militaire. Les autorités américaines auraient amené l'idée et les moyens du crime à ces hommes "dont la bouffonnerie était shakespearienne ", relate un juge.

Autre exemple, qui montre que le FBI aurait aussi ciblé des personnes souffrant de troubles mentaux ou intellectuels, l'affaire Rezwan Ferdaus. Ce jeune homme de 27 ans d'origine pakistanaise a été condamné à 17 ans de prison pour avoir voulu attaquer le Congrès et le Pentagone avec des drônes remplis d'explosifs. Malgré un signalement interne au FBI révélant des problèmes mentaux chez Ferdaus, le plan a conçu de bout en bout avec un policier infiltré. Des pratiques qui ne sont pas sans rappeler l'époque du maccarthysme et les excès de la lutte anticommuniste.

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