Le dauphin du président sortant Alvaro Uribe et ex-ministre de la Défense a été élu président à l'issue du 2e tour
Juan Manuel Santos, 58 ans, qui est connu à l'étranger pour ses succès face à la guérilla des FARC, l'emporte avec 69 % des suffrages (selon des résultats portant sur 99,3 % des bulletins dépouillés) et près de 9 millions de voix.
Son rival, l'ex-maire de Bogota Antanas Mockus (parti des verts), 58 ans, a pour sa part obtenu 27,5 % des voix.
Quelque 13,2 millions d'électeurs ont participé au scrutin, où le taux de participation tournerait autour de 44 %.
Le scrutin a été entaché par une certaine violence, avec 11 policiers et soldats tués dans différentes attaques dont les auteurs n'ont pas été identifiés.
Le président Uribe a félicité son successeur en affirmant qu'il priait Dieu pour qu'il lui "offre tous les succès" ainsi qu'à sa famille. Le candidat défait Antanas Mockus, qui avait un temps suscité une vague d'adhésions auprès des Colombiens pour sa dénonciation des violations des droits de l'homme, de la "culture du narcotrafic", de la corruption et de la violence, a reconnu la victoire de son rival.
En élisant Juan Manuel Santos, les élections colombiens ont affiché leur choix d'une politique de fermeté face à la guérilla. "Le temps des FARC est compté", a-t-il d'ailleurs déclaré dans sa première allocution après sa victoire, provoquant les hourras de ses partisans. "Nous continuerons à les affronter avec toute la dureté et la fermeté", nécessaires, a-t-il ajouté, en appelant la guérilla à libérer tous ses otages immédiatement, "de manière unilatérale".
Huit ans après l'élection d'Alvaro Uribe, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes) restent actives sur près de 50 % du territoire colombien, mais elles ne cernent plus les villes. Les forces de l'ordre - police et armée - ont vu leurs effectifs doubler, passant de 220.000 à 425.000 hommes.
Un "joueur de poker"
Issu d'une grande famille longtemps propriétaire d'un des plus influents journaux du pays, El Tiempo, Juan-Manuel Santos, 58 ans, formé notamment à la prestigieuse Ecole d'économie de Londres (London School of Economics), était "un candidat très attirant pour la communauté internationale", affirme un diplomate étranger qui le connaît bien.
"Dans le travail c'est quelqu'un de rigide, de perfectionniste", affirme l'un de ses vieux amis qui décrit ses colères, tout en assurant qu'elles passent "en une petite minute". Joueur de poker, "il est prêt à prendre de grands risques, quitte à tout perdre" confie un autre.
A l'étranger, où il compte de nombreux réseaux, on se souvient de l'Opération Jaque, qu'il avait ordonnée. Au cours de cette opération, l'armée avait réussi à tromper les
FARC pour lui arracher leurs 15 plus précieux otages, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt et trois Américains, le 2 juillet 2008.
Quelques mois plus tôt, Joan-Manuel Santos avait donné l'ordre de bombarder un camp de la guérilla en Equateur, le 1er mars 2008, opération dans laquelle 26 personnes avaient été tuées dont le numéro deux des FARC, Raul Reyes.
Ces succès ont été entachés de controverse. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) avait ainsi fait part de son indignation suite à l'utilisation de son sigle dans l'Opération Jaque. Le président équatorien, Rafael Correa, avait quant à lui décidé de rompre les relations diplomatiques avec la Colombie, pendant vingt mois. Pour cette attaque, Juan-Manuel Santos fait l'objet d'un mandat d'arrêt en Equateur, où il est accusé d'assassinat. Au Vénézuéla, il est la bête noire du président Hugo Chavez, qui estime qu'il représente une "menace" pour la paix régionale.
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