Le Conseil national de transition prévoit d'annoncer la "libération" de Benghazi samedi.
Depuis la prise de Tripoli par les forces du pouvoir intérimaire libyen (CNT) le 23 août, Mouammar Kadhafi se cachait. Il a été capturé, puis est mort dans des circonstances encore obscures, alors qu'il tentait de fuir Syrte, sa ville natale. Aujourd'hui, la question se pose : a-t-il été tué par des tirs ou exécuté?
Parti à l'aube, un convoi de quelque 80 véhicules à bord duquel l'ex-guide avait pris place a été "stoppé" à quelques kilomètres de Syrte par une unité aérienne de l'Otan, dont un avion français, a déclaré le ministre français de la Défense Gérard Longuet. L'Otan a ensuite annoncé qu'un drone Predator était impliqué.
D'après les récits de combattants du CNT, Mouammar Kadhafi a réussi à sortir vivant du raid et s'est réfugié avec ses derniers fidèles dans deux conduites d'évacuation d'eaux usées d'un mètre de diamètre où les "révolutionnaires" l'ont retrouvé.
Les images du corps sanglant et dénudé de Mouammar Kadhafi, prises à l'aide d'un téléphone portable, ont été diffusées par des télévisions du monde entier. D'autres images l'ont montré en vie au moment de sa capture, le visage en sang, entouré de combattants du CNT.
Le chef du gouvernement du CNT, Mahmoud Djibril, a déclaré qu'il avait succombé à une blessure par balle à la tête reçue lors d'une fusillade entre ses gardes et les combattants du CNT alors qu'il venait d'être placé à bord d'une camionnette. Mais une source haut placée du CNT a déclaré que les soldats l'avaient capturé vivant "et alors qu'il allait être transporté, ils l'ont tabassé et ensuite ils l'ont tué". Sa dépouille a été transportée à Misrata, ville martyre des combats qui ont abouti à la chute du régime kadhafiste. Le CNT prévoit de l'inhumer discrètement et rapidement dans un lieu tenu secret.
Juppé : le but n'était pas de tuer Kadhafi
Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, a déclaré que le but de la coalition internationale en Libye n'était pas de tuer Mouammar Kadhafi. "Les informations restent encore floues", a-t-il concédé sur Europe 1. "Il y a eu une intervention de l'Otan pour stopper une colonne de blindés qui quittait Syrte. Est-ce que c'est cette intervention qui a abouti à la mort de Kadhafi ? Il semble que non, qu'il ait ensuite été capturé par les forces du Conseil national de transition mais il faut attendre d'avoir des indications très précises sur la façon dont les choses se sont passées."
"Je ne pense pas qu'il ait été lynché", a dit vendredi sur Europe 1 Mansour Saïf al-Nasr, émissaire du CNT en France, qui a annoncé qu'une commission d'enquête allait être créée pour déterminer les conditions dans lesquelles le dictateur avait trouvé la mort.
L'Otan va mettre fin à sa mission
Dans un communiqué diffusé vendredi, l'Otan a déclaré qu'elle ignorait que Kadhafi se trouvait dans l'un des véhicules du convoi.
L'Otan a souligné qu'avec la disparition du guide libyen, sa mission, lancée en mars dernier, officiellement pour "protéger les populations civiles" en vertu de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'Onu, approchait de son terme. L'Alliance mettra fin à sa mission en coordination avec l'Onu et le CNT, a déclaré son secrétaire général Anders Fogh Rasmussen.
Le pouvoir intérimaire libyen a également annoncé la mort de son ministre de la Défense, Aboubaker Younès, et l'arrestation de son ancien porte-parole, Moussa Ibrahim.
Immense chantier
Mouammar Kadhafi était réclamé par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, qui l'avait inculpé de crimes contre l'humanité et avait diffusé un mandat d'arrêt à son encontre. Sa mort évite un long procès qui aurait pu diviser la Libye et embarrasser des gouvernements occidentaux.
Les nouvelles autorités ont devant eux un immense chantier. La Croix-Rouge a rappelé jeudi que des charniers étaient encore découverts régulièrement en Libye et que de nombreux corps dans les hôpitaux ou au bord des routes n'étaient pas réclamés. Les ethnies, tribus et régions libyennes sont divisées et le pays doit fait l'apprentissage de la démocratie, se réconcilier, et relancer l'extraction pétrolière, sa principale source de revenus.
L'Otan, Barack Obama, Nicolas Sarkozy ont tous lancé des appels à l'unité. "Il est temps de bâtir une nouvelle Libye, une Libye unie", a déclaré Mahmoud Djibril. "Un peuple, un avenir."
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