Le coming out d'un prêtre polonais scandalise le Vatican

C'est dans une vidéo pour un documentaire sur l'égalité des personnes mariées en Pologne que le père Krzysztof Olaf Charamsa a fait son coming out. "Je suis gay" , affirme le prêtre de 43 ans, un large sourire aux lèvres, avant de se lancer dans un réquisitoire passionné contre son pays et l'Eglise.

 Tour à tour, il s'en prend aux députés polonais qui tiennent des discours homophobes à la tribune du parlement en toute impunité, au nouveau président polonais, le conservateur Andrzej Duda, ainsi qu'à son prédécesseur, le libéral Bronislaw Komorowski qui ignorent tous deux selon lui la cause des homosexuels. 

Le Vatican en retard sur la question : "Il n'est pas possible d'attendre encore 50 ans"

Au bord des larmes, il évoque enfin le suicide d'un jeune polonais homosexuel de 14 ans et le silence coupable d'une église "en retard" et "paranoïaque" sur ce sujet. "L'abstinence totale et une vie sans amour ne sont pas une solution humaine", explique le père Charamsa qui avoue également avoir un compagnon aux côtés duquel il est apparu ce samedi.

"Je ne fais pas ça pour vivre avec mon compagnon, je le fais pour moi, pour ma communauté, pour l'Eglise. C'est une décision beaucoup plus profonde qui naît de ma réflexion sur ce que prône l'Eglise", a-t-il d'ailleurs expliqué au quotidien italien il Corriere della Sera. 

Un aveux "très grave" et "irresponsable" pour le Vatican

Jusqu'à présent ce prêtre était haut placé, secrétaire adjoint d'une Commission théologique internationale auprès de cette congrégation, précisément chargée de veiller au bon respect du dogme catholique. Il est bien conscient qu'il ne pourra plus exercer son métier, d'autant que sa révélation tombe la veille de l'ouverture d'un synode sur la famille, durant lequel l'homosexualité sera un des thèmes centraux.

Le Vatican l'a d'ores et déjà démis de ses fonctions auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Pour le porte-parole du Vatican Federico Lombardi, cette révélation est "très grave" et "irresponsable".  "Évidemment, Mgr Charamsa ne pourra plus continuer à assurer ses fonctions précédentes auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi", qu'il exerce depuis douze ans, peut-on lire dans le communiqué du Saint Siège.  Mais le prêtre assume, bien décider à mener son combat jusqu'au bout.