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La police turque prend de force le contrôle de deux chaînes de télévision

A Istanbul, les chaînes de télévision Kanaltürk et Bugün-TV ont cessé d'émettre mercredi, après l'opération musclée de la police à leur siège. A quatre jours des législatives, les opposants au président Erdogan l'accusent de museler la presse.
Article rédigé par Jérôme Bastion
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
  (Deux chaînes de télévision turques fermées par la police © DENIZ TOPRAK/EPA/MaxPPP)

Tout s'est déroulé devant les caméras et les téléspectateurs ont pu suivre toute l'opération en direct. Plusieurs dizaines de policiers sont venus prendre le contrôle de deux chaînes de télévision à Istanbul. Kanaltürk et Bugün-TV, qui appartiennent au groupe de médias Koza Ipek, ont été placées cette semaine sous l'autorité d'un administrateur. La décision a été largement dénoncée dans la presse et par les opposants au président Recep Tayyip Erdogan, alors que les élections législatives se déroulent dimanche.

En direct à la télé turque, la prise de contrôle de deux chaînes par la police (Jérôme Bastion)

Soupçonnées de financer le terrorisme

A leur arrivée devant le siège du groupe, les policiers ont dû faire face aux manifestants et aux salariés. Des gaz lacrymogènes et des canons à eau ont été utilisés contre les manifestants. Toute la journée, le rédacteur en chef de Bugün-TV s’est barricadé dans la régie et maintenait, micro en main, un service minimum avec des invités venus lui manifester leur soutien. Mais en milieu d’après-midi, une cohorte de policiers en civil a pris les commandes de la régie de diffusion et coupé le signal.

Le groupe de médias Koza Ipek, soutenu par de nombreux journalistes et par des députés de l'opposition, est soupçonné par les autorités de financer le terrorisme. Il est réputé proche de l'imam Fethullah Gülen. Ce dernier, aujourd'hui exilé aux Etats-Unis est à l'origine d'un scandale de corruption qui a éclaboussé le chef de l'Etat et son entourage en 2013. Il est devenu, depuis, l'ennemi numéro un d'Erdogan.

Atteinte à la liberté de la presse

"La persécution des organes de presse critiques a atteint un niveau extrêmement inquiétant à cause des élections" , a réagi l'association Reporters sans frontières. Dans le classement qu'elle publie chaque année, la Turquie est 149e sur 180 pays en matière de liberté de la presse. L'Union européenne s'est également dite "préoccupée" . Le gouvernement turc rejette ses accusations et continue de répéter que la presse turque est "la plus libre du monde" .

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