La mort de ce chef d'Al Qaïda et citoyen américain, abattu par la CIA, vendredi au Yémen, soulève des questions
Des experts juridiques estiment que l'élimination d'Anouar al Aoulaki, un chef d'Al Qaïda tué vendredi au Yémen par un drone de la CIA, soulève des questions sur la légalité d'une telle opération menée contre un citoyen américain.
Anouar Al Aoulaki, imam d'origine américaine et chef des opérations extérieures d'Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), a été tué dans la province d'Al Djaouf, dans le nord du Yémen.
Une élimination "contestable"
"Le fait qu'Al Aoulaki possédait la double nationalité américaine et yéménite signifie qu'il bénéficiait d'une protection supplémentaire conformément à la constitution américaine qu'il n'aurait pas eue s'il avait juste été Yéménite", souligne Mary Ellen O'Connell, professeur de droit international à l'Université Notre Dame. "Donc le président a fait quelque chose qui, à mes yeux, est très contestable du point de vue de notre propre constitution."
Un acte "justifié"
Selon certains spécialistes du droit international, l'élimination d'Anouar Al Aoulaki se justifie sur le plan juridique. Si Robert Chesney, professeur à l'University of Texas School of Law, convient que la constitution américaine confère des droits à Al Aoulaki , plusieurs circonstances peuvent justifier selon lui l'action américaine.
Le gouvernement ayant la preuve qu'Al Aoulaki représentait une véritable menace et son arrestation semblant plus qu'improbable, les Etats-Unis avaient le droit d'agir, note-t-il.
"La question qui se pose est la suivante : est-ce que la mort d'Al Aoulaki signifie que le gouvernement peut tuer n'importe quel Américain à tout moment à partir du moment où il affirme détenir des renseignements selon lesquels cette personne est un terroriste? La réponse est non, je ne pense pas qu'on puisse aboutir à cette conclusion."
Une "violation" du droit international
Mais d'autres spécialistes estiment que le gouvernement aurait dû chercher à arrêter al Aoulaki et le conduire devant un tribunal américain.
Bafouer la loi après la vague de soulèvement populaire dans le monde arabe est un mauvais exemple pour la région, souligne O'Connell.
A l'inverse de la mort d'Ousama ben Laden, tué le 2 mai au Pakistan par un commando spécial américain, l'élimination d'Al Aoulaki viole le droit international, estime le professeur de droit.
"C'est ironique de voir que Ben Laden, qui était autant que je sache pire qu'Al Aoualki, a eu droit à un traitement qui s'approche le plus de l'état de droit."
Une première depuis les attentats du 11 septembre
Anouar Al Aoualaki, qui vivait en Virginie avant de quitter les Etats-Unis peu avant les attentats du 11 septembre 2001, est le premier citoyen américain dont l'élimination par la CIA a été autorisée par la Maison blanche depuis les attentats contre New-York et Washington il y a dix ans.
Selon les autorités américaines, Al Aoualaki avait pris la tête d'Aqpa et avait joué un rôle important dans des attentats terroristes déjoués visant des cibles américaines. Washington l'accuse également d'avoir voulu empoisonner des Occidentaux et lui reproche des échanges de courriers électroniques avec le psychiatre militaire qui a tué 13 personnes sur la base texane de Fort Hood en 2009.
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