La mission internationale remise en question
Selon un rapport britannique, la mission militaire internationale en Afghanistan n'a pas obtenu les résultats escomptésSelon un rapport britannique, la mission militaire internationale en Afghanistan n'a pas obtenu les résultats escomptés
En cause, l'absence d'une stratégie cohérente basée sur les réalités de l'histoire de ce pays, ont estimé des députés britanniques dans ce rapport rendu public dimanche.
Deux soldats de l'Otan, dont la nationalité n'a pas été donnée, ont été tués samedi dans le sud afghan, s'ajoutant au Français et aux 3 Américains tués le même jour dans une attaque
Plus de 100.000 soldats étrangers sont déployés en Afghanistan dans deux forces internationales, l'Isaf (la Force internationale d'assistance à la sécurité, qui dirige les troupes de l'Otan) et l'OEF (Operation Enduring Freedom, sous commandement américain).
Depuis le début de l'été, les troupes étrangères ont intensifié leurs opérations contre les bastions d'insurgés, en particulier dans le sud et l'est du pays, en prévision des élections présidentielle et provinciales du 20 août prochain, tandis que les insurgés ont augmenté la fréquence de leurs attaques.
Cette flambée de violences, qui atteignent des records absolus ces dernières semaines, fait craindre que les insurgés s'en prennent au processus électoral et que les électeurs restent éloignés des bureaux de vote, posant ainsi le problème de la crédibilité du scrutin. Le principal groupe, les talibans, a appelé les Afghans à boycotter les élections et à prendre les armes contre les "envahisseurs" étrangers.
Un rapport britannique
La mission militaire internationale en Afghanistan est loin d'avoir obtenu les résultats escomptés en raison notamment de l'absence d'une stratégie cohérente basée sur les réalités de l'histoire de ce pays, ont estimé des députés britanniques dans un rapport de la commission des affaires étrangères de la chambre des Communes rendu public dimanche.
Il critique notamment "l'important manque de sensibilité culturelle" de certains militaires de la coalition internationale, qui a causé des dégâts qui "seront difficiles à réparer". Selon les députés, "l'effort international en Afghanistan depuis 2001 a donné beaucoup moins de résultats que ce qui avait été promis, et son impact a été considérablement affaibli par l'absence d'une vision et d'une stratégie cohérentes basées sur les réalités de l'histoire, de la culture et de la politique en Afghanistan ".
Bien que la situation actuelle "ne soit pas uniquement la conséquence des manquements de l'Occident depuis 2001, des fautes évitables, comme des réactions inconsidérées, l'éparpillement ou les chevauchements dans les prises de décision rendent aujourd'hui" la tâche beaucoup plus difficile, selon eux.
En outre, la réputation de l'Otan, qui dirige les forces internationales en Afghanistan depuis 2003, pourrait être "sérieusement ébranlée" sans une répartition plus équitable de l'effort militaire en Afghanistan entre les Etats membres, ont-ils averti. Les députés jugent aussi "fortement préoccupante" la situation des prisonniers détenus par les autorités afghanes, soulignant également "l'absence de progrès tangible" dans la lutte contre la corruption.
Le Foreign Office a déclaré qu'il étudierait les conclusions du rapport et lui apporterait une réponse officielle au cours des prochains mois.
En France, les socialistes s'interrogent également
Après l'attaque qui a tué un soldat français et en a blessé deux autres, le Parti socialiste français, qui a apporté "sa solidarité pleine et entière à l'ensemble des militaires français engagés en Afghanistan", a jugé cependant samedi "légitime" de poser la question des objectifs assignés à la force internationale déployée en Afghanistan.
"La France est engagée depuis plusieurs années maintenant dans ce conflit qui a coûté la vie à de nombreux militaires français", relève le PS, en rappelant l'attaque qui, il y a un an, avait coûté la vie à dix d'entre eux. "Déjà, le Parti Socialiste réclamait que les objectifs et les modalités de cette opération soient précisés et débattus dans un cadre démocratique".
"Malgré la présence de 90.000 soldats étrangers sur le sol afghan, les talibans poursuivent leur oeuvre de déstabilisation et de terreur", poursuit le texte. "Il est légitime de se poser la question des objectifs assignés à cette force multinationale ou du moins, les modalités de son engagement". "Quel est le bilan de l'action militaire et de la reconstruction engagée depuis 2001 ?", demandent encore les socialistes.
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