La menace nord-coréenne vue de Séoul
Jusqu'à présent, pas question de prendre trop au sérieux ce que certains qualifient ici de "gesticulations" de Pyongyang. Pas d'évacuation du personnel diplomatique, pas de consignes de prudence particulière pour les touristes et les expatriés. La situation est vécue avec pragmatisme à l'image de Oh-Lee Nuri, étudiante de 19 ans, à l'université de langues étrangères de Séoul : "On est habitués parce que les Nord-Coréens nous menacent en permanence. Kim Jong-un fait cela pour se montrer, donc du coup je n'ai pas peur. Même si je sais qu'il est un peu fou ", confie la jeune femme.
Calme apparent
Que ce soit dans le parc du sanctuaire royal de Jongmyo ou dans les ruelles étroites de Nandaemun, le quartier commerçant au cœur de Séoul, la situation est plutôt calme. Les Sud-Coréens vaquent à leurs occupations. En fait, ils semblent s'être lassés de l'attitude agressive du dictateur du nord.
Les plus concernés sont les Nord-Coréens réfugiés ici — ils sont 25.000 en Corée du Sud — et les parents de militaires, comme Kim Eun-Sook, dont le fils de 21 ans est posté près de la frontière. "Je m'inquiète pour l'avenir de mon pays mais aussi pour mon fils. On ne sait jamais ce qui peut se passer. La Corée du Nord dit qu'il y aura un tir de missile, mais on ne sait ni où ni quand ", explique-t-il.
Et aujourd'hui, en tout cas, pas de signe de nervosité du côté de Pyongyang. Le régime nord-coréen est bien trop occupé à célébrer le 101e anniversaire de la naissance de son fondateur, Kim Il-Sung.
Séoul : cible potentielle ?
À 55 km de la frontière entre les deux Corées, à 190 km de Pyongyang, la capitale nord-coréenne, Séoul est, dans l'absolu, particulièrement vulnérable. "La ville est à portée de l'artillerie nord-coréenne ", explique Daniel Pinkston, analyste de l'International Crisis Group, à Séoul. "Les missiles déployés pourraient frapper la capitale du sud, tout comme les armes chimiques. Mais toute attaque contre Séoul entraînerait des représailles complètes et immédiates. La Corée du Nord perdrait la guerre ", poursuit le spécialiste.
À Séoul, les professionnels du tourisme enregistrent une baisse du nombre de visiteurs venus du Japon, de Hong-Kong, du Vietnam et de Thaïlande. Très préoccupées, les autorités chinoises recommandent à leurs ressortissants de reporter leur voyage à Séoul. Certains grands hôtels ont vu leur fréquentation baisser de 30 %.
Pour autant, Kap Su-Kim, le directeur adjoint de KTO (organisation coréenne du tourisme), se veut rassurant : "Tout est paisible et sécurisé. Si vous n'êtes pas un homme politique ou un expert militaire, je suis sûr que vous profiterez des cerisiers en fleurs. C'est la meilleure période ".
C'est là tout le contraste de Séoul. Avec des habitants qui se moquent éperdument de la situation nord-coréenne. Et d'autres qui ressentent au quotidien les conséquences de ces tensions entre les deux Corées.
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