La Libye est au bord de la "guerre civile" selon Saif Al Islam Kadhafi, le fils du chef d'Etat libyen
"Soit nous nous entendons aujourd'hui sur des réformes, soit nous ne pleurerons pas 84 morts mais des milliers et il y aura des rivières de sang dans toute la Libye", a-t-il déclaré lors d'une allocution télévisée dans la nuit de dimanche à lundi.
Son père, , n'a fait aucune déclaration officielle depuis le début du mouvement.
Selon certaines rumeurs, il pourrait avoir quitté le pays. Il pourrait avoir quitté son pays et être en route vers Caracas, au Venezuela, a déclaré lundi le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, en marge d'une réunion de l'UE à Bruxelles.
Mouammar Kadhafi a été vu la dernière fois dans la nuit du 18 au 19 février lors d'un bain de foule à Tripoli, alors que le ministre libyen de la justice a lundi. Les manifestations qui ont débuté en Libye dans la nuit du 15 au 16 février ont gagné dimanche la capitale Tripoli.
"Nous avons le moral et le dirigeant Mouammar Kadhafi mène la bataille à Tripoli et nous sommes derrière lui comme l'armée libyenne", a déclaré le fils du dictateur. "Nous ne laisserons pas la Libye à des Italiens ou à des Turcs", a-t-il ajouté. Saif al Islam Kadhafi a accusé les exilés libyens de fomenter les violences.
Dans le même temps, il a promis l'ouverture d'un dialogue sur les réformes et une hausse des salaires. Le Parlement libyen, le Congrès général du Peuple, doit se réunir lundi pour discuter d'un programme de réformes, a-t-il annoncé.
Le pouvoir doit entamer un dialogue avec l'opposition et débattre de l'élaboration d'une constitution, a estimé lundi l'ancien porte-parole du gouvernement libyen. Il faut "reconnaître l'existence d'une opposition populaire interne et entamer un dialogue avec elle pour des changements profonds dans le système libyen", a ajouté Mohamed Bayou, qui occupait ce poste de porte-parole il y a encore un mois. Sa déclaration pourait marquer des désaccords au sein du régime de Mouammar Kadhafi.
Près de 400 morts selon FIDH
Les violences lors des manifestations demandant le départ du dirigeant libyen ont fait "entre 300 et 400 morts, probablement plus près de 400", selon la Fédération Internationale des Droits de l'Homme.
L'organisation Human Rights Watch avance le chiffre de 233 morts depuis le début des manifestations. La plupart d'entre eux ont été tués à Benghazi. 60 personnes y auraient été tuées pour la seule journée de dimanche.
Selon l'un des fils du colonel Kadhafi, Saif Al Islam Kadhafi, qui s'exprimait dimanche à la télévision, les bilans donnés par "les médias étrangers" sont "très exagérés". Il a annoncé le chiffre de 84 morts.
Les chefs religieux appellent à "la fin du massacre"
Une cinquantaine de dirigeants musulmans libyens ont appelé à la "fin du massacre" à Benghazi, la deuxième ville du pays où les affrontements ont été les plus meurtriers, faisant plus de soixante morts.
"C'est un appel pressant de dignitaires religieux, d'intellectuels, de chefs de clan de Tripoli, de Bani Walid, de Zintan, de Jadu, de Msalata, de Misrata, de Zawiah et d'autres villes et villages de l'ouest du pays", peut-on lire. "Nous appelons chaque musulman, qui se trouve au sein du régime ou l'aidant de quelque façon que ce soit, de reconnaître que le massacre d'êtres humains innocents est interdit par notre créateur et par son prophète (...). Ne tuez pas vos frères et vos soeurs. Arrêtez le massacre immédiatement."
Pas de journalistes ni d'internet en Libye
Il est difficile d'identifier et vérifier de manière certaine les différents témoignages et bilans provenant de Libye. Les journalistes étrangers ne sont pas autorisés à se rendre dans le pays depuis le début des violences. Les reporters libyens ne peuvent pas aller à Benghazi. La chaîne de télévision quatarie Al Jazira a accusé lundi les services de renseignements libyens de brouiller son signal dans le pays.
Les liaisons téléphoniques sont fréquemment coupées. De plus, il n'y a plus d'accès à internet en Libye où le régime tente ainsi d'empêcher les opposants d'organiser les manifestations.
L'accès à internet a été "brusquement interrompu" dans la nuit de vendredi à samedi, a rapporté une société américaine spécialisée dans la surveillance du trafic web, Arbor Networks. Vendredi soir, c'est d'abord Facebook qui avait été coupé, suivi de tout le web. La "journée de colère" libyenne contre le régime du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis bientôt 42 ans, avait été lancée sur Facebook. Sous le slogan "Révolte du 17 février 2011: pour en faire une journée de colère en Libye", un groupe Facebook, qui appelait à un soulèvement contre le régime libyen, était passé de 4.400 membres lundi, à 9.600 mercredi matin, selon l'AFP.
Le déclencheur du mouvement
L'arrestation d'un militant des droits de l'homme a servi de déclencheur aux violences. Selon le journal Quryna, les forces de l'ordre sont intervenues mercredi 15 février pour mettre fin à des affrontements entre des partisans du leader libyen Mouammar Kadhafi et des "saboteurs" parmi des manifestants. Ceux-ci s'étaient rassemblés pour réclamer la libération d'un avocat représentant des familles de prisonniers tués en 1996 dans une fusillade dans la prison d'Abou Salim à Tripoli.
L'avocat, Fethi Tarbel, a été arrêté, toujours selon le journal, "pour avoir répandu une rumeur selon laquelle la prison était en feu", avant d'être relâché à la suite de la manifestation. En dépit de sa remise en liberté, les manifestants, "auxquels se sont jointes des personnes munies d'armes blanches et de cocktails molotov", ont marché jusqu'au centre-ville où "ils ont incendié et endommagé des voitures, essayé de détériorer des biens publics, bloqué la route et jeté des pierres", selon Quryna.
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