La France, pays de transit privilégié pour l'or des Ben Ali ?
Comment faire sortir près d'1,8 tonne d'or de Tunisie, soit 1.800
lingots, pour une valeur totale de 72 millions d'euros, en toute impunité ?
Facile : en "morcelant" le transport.
Jean-François Roubaud, journaliste au quotidien Nice Matin , a mené l'enquête. Et a découvert une technique parfaite :
"Ils venaient très vite se déclarer aux douaniers [...]
N'étant soumis qu'à cette seule déclaration, ils pouvaient continuer leur
chemin, dès lors qu'ils s'engageaient à quitter la communauté européenne avec
cet or-là."
Et, de fait, pendant un an et demi, de la chute de Ben Ali
en janvier 2011, jusqu'en avril 2012, des dizaines de passeurs se sont
présentés spontanément dans les aéroports parisiens d'Orly et Roissy, mais
aussi à Nice et Marseille. Dans leurs bagages à chaque fois, quelques kilos de
lingots, direction le Proche-Orient.
Malgré le signalement des douaniers, qui ont saisi il y a un an le
Groupe opérationnel de lutte contre le terrorisme (Golt) de la Direction
nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED), le trafic s'est
poursuivi pendant plusieurs mois, au rythme de deux à cinq passages par
semaines, selon Nice Matin . Alors même que l'on croyait le trafic terminé, 12
kilos d'or ont à nouveau été déclarés mercredi dernier par un passager du vol
Djerba-Nice.
S'il était prouvé que cet or provenait bien de la réserve
personnelle de la richissime famille Ben Ali, ce trafic ferait bien mauvais
genre, alors que la France, au lendemain de la Révolution de jasmin, s'était empressée
de geler les avoirs de l'ancien dictateur.
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