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La Corée du Nord se rapproche de l'arme nucléaire, assurance vie du régime

Avec le tir d’un nouveau missile le 12 février 2017, Pyongyang confirme son programme balistique et teste les réactions de Donald Trump. La Corée du Nord cherche toujours à se doter de l’arme nucléaire, dans l’espoir de sauver un régime aux abois. Le maréchal président Kim Jong-un affirmait le 31 décembre 2016 en être aux «dernières étapes avant le test d'un missile balistique intercontinental».
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Tir de missile balistique (Pukgyksong-2) en Corée du nord, le 12 février 2017. (AFP/ KNS )

 
Malgré les sanctions des Nations Unies qui touchent la Corée du Nord depuis 2006, le régime poursuit sans faiblir sa course aux missiles balistiques et à l’arme nucléaire.

Pyongyang a annoncé le 13 février 2017 avoir testé «avec succès» un nouveau missile. L'engin, tiré la veille d'une base aérienne de l'ouest de la Corée du Nord, a parcouru environ 500 kilomètres vers l'Est avant de tomber en mer du Japon.

«Nous en sommes aux dernières étapes avant le lancement test d'un missile balistique intercontinental», a affirmé le chef de l'Etat nord-coréen dans un discours télévisé pour le nouvel an. La Corée du Nord est désormais «une puissance militaire de l'Orient que même le plus puissant des ennemis ne pourra toucher», a affirmé Kim Jong-un.
 
Pour le moment, sur huit essais du missile intermédiaire Musudan (d'une portée annoncée de 3000 km) menés en 2016, un seul a été couronné de succès. Un des missiles lancé en février 2016 a parcouru 800 kilomètres avant de plonger dans la mer du Japon. Le deuxième engin, tiré une vingtaine de minutes plus tard, a rapidement disparu des radars.
 
Mais Pyongyang progresse rapidement. En cas de succès, cette avancée technologique pourrait mettre la côte ouest des Etats-Unis à portée de tir de la Corée du Nord.
 

Allocution du maréchal président Kim Jong-Un pour le nouvel an (décembre 2016)
 (AFP/ KNS KCNA)

Progrès technologiques rapides 
Les analystes sont divisés quant aux capacités nucléaires réelles de Pyongyang, mais tous sont d'accord pour dire que le pays avance dans cette direction.
 
Les Nord-Coréens ont procédé ces derniers mois à des tests de moteurs de fusée et de boucliers thermiques qui permettent le retour dans l'atmosphère, deux composantes essentielles dans la conception des missiles à longue portée.
 
Pour Melissa Hanham, chargée de recherches au Middlebury Institute of International Studies de Monterey, en Californie, «l'essentiel, c'est que Pyongyang est bien plus avancé sur la voie du développement de missiles que la plupart des gens ne le pensent». Ainsi, dit-elle, le succès de l'essai de moteur à carburant liquide effectué en avril 2016 a constitué une avancée majeure. «Ce test était stupéfiant, nous savions depuis des années que la Corée du Nord disposait du propulseur de missile de conception soviétique R-27. Ils en ont repensé la conception pour doubler sa capacité de propulsion», ajoute-t-elle. «Je pense que nous assisterons en 2017 au test en vol d'un missile balistique intercontinental», avance-t-elle.
 
Selon Joshua Pollack, éditeur de la publication spécialisée Non proliferation Review«un grand nombre d'experts se demandaient s'ils disposaient d'un bouclier thermique qui soit opérationnel. Les Nord-Coréens nous l'ont donc montré
 
Le programme nucléaire est l’objectif incessant d'un régime sous pression (interne et externe), guidé par le seul instinct de survie dans un environnement régional tendu, avec la Corée du Sud et sur fond de rivalité sino-américaine croissante.
 
2017: bonne fenêtre de tir
Selon l’ancien ambassadeur nord-coréen à Londres (qui a fait défection), «Kim Jong-un veut à tout prix une arme nucléaire opérationnelle avant la fin 2017». Une fenêtre opportune pour Pyongyang car la nouvelle administration à Washington prend ses marques. Tandis qu'une élection présidentielle est attendue à Séoul, alors que la présidente park Geun-Hye a été déchue de ses fonctions.
 
Pyongyang poursuit avec constance son ambition de se doter d’une arme de dissuasion crédible, perçue par le régime comme une garantie de survie. Et celui-ci n’en est pas loin. Selon Séoul, la Corée du Nord disposerait de 50 kg de plutonium, lui permettant de produire une cinquantaine de bombes nucléaires d’ici 2020.
 
Durcissement américain
Donald Trump, qui a critiqué «l’attentisme de l’administration Obama», a promis de se montrer ferme contre le programme nucléaire et balistique mené par la Corée du Nord. Il avait réagi le 2 janvier 2017 aux déclarations de Kim Jong-un. «Jamais un missile nord-coréen n'atteindra le sol des Etats-Unis, cela n’arrivera pas», a-t-il écrit via Twitter.
 
Lors de son premier déplacement diplomatique (à Séoul) le nouveau secrétaire américain à la défense a déclaré que la Corée du Nord était «une menace sérieuse». James Mattis a confirmé l’intention de Washington de mettre en place un bouclier antimissile. Un projet qui divise les partis politiques sud-coréens. Pour Joel Wit, de l'Institut américano-coréen de l'Université Johns hopkins, «il faut vraissemblablement s'attendre à de nouvelles provocations  nord-coréennes en réponse aux prochains exercices militaires conjoints entre Washingtoon et Séoul».
 
Signe d’un léger réchauffement diplomatique avec Washington, Pékin a condamné (le 13 février 2017) le tir nord coréen «qui contrevient aux résolutions de l'Onu, a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
                            
Pékin est l'unique allié de Pyongyang et son principal soutien diplomatique. L'effondrement du régime à Pyongyang constituerait un scénario catastrophe pour Pékin. Des millions de Nord-Coréens pourraient affluer vers la Chine. 

Pire: la Corée du Sud, alliée des Etats-Unis, serait en mesure de réunifier la péninsule coréenne. L'armée américaine pourrait alors être stationnée à la frontière chinoise.

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