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L'opposition crie à la fraude en Mauritanie

Le meneur du coup d'Etat mauritanien de 2008, le général Abdel Aziz, a emporté la présidentielle dès le 1er tour
Article rédigé par France2.fr
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Le général Mohamed Ould Abdel Aziz (© AFP / Watt Abdel Jelil)

Le meneur du coup d'Etat mauritanien de 2008, le général Abdel Aziz, a emporté la présidentielle dès le 1er tourLe meneur du coup d'Etat mauritanien de 2008, le général Abdel Aziz, a emporté la présidentielle dès le 1er tour

Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a recueilli 52,58% des voix, "est élu président de la République", a indiqué le ministre de l'Intérieur dimanche soir. La participation a été officiellement de 64,58%.

Les quatre principaux candidats de l'opposition ont dénoncé une "mascarade électorale" que la France dément.

Cette accusation a été lancée par Messaoud Ould Boulkheir, candidat du front anti-putsch, qui parlait au nom de trois autres candidats: Ahmed Ould Daddah, du premier parti d'opposition, Ely Ould Mohamed Vall, ancien chef de junte (2005-2007) et Hamadi Ould Meimou, ex-ambassadeur et candidat indépendant.

Les quatre hommes ont publié une déclaration dans laquelle ils rejettent les "résultats préfabriqués" du scrutin de samedi, et appelé la communauté internationale à diligenter une enquête indépendante sur les irrégularités constatées. Ils demandent au peuple mauritanien de "se mobiliser pour mettre en échec ce coup d'Etat électoral".

"Les élections se sont déroulées dans de très bonnes conditions. Je félicite les électeurs mauritaniens pour leur esprit de responsabilité et leur civisme", a répondu dimanche soir le ministre de l'Intérieur Mohamed Ould Rzeizim, lui-même issu des rangs de l'opposition.

"Et j'affirme ici que je n'ai reçu aucune réclamation ou recours mettant en cause la sincérité du vote en dépit d'informations qui nous sont parvenues sur la publication par quatre candidats (de l'opposition) d'un communiqué contestant les résultats du vote", a-t-il souligné.

"Pas d'anomalies majeures", selon le Quai d'Orsay

De même, "selon les premières informations fournies par les nombreux observateurs indépendants présents, appartenant notamment à l'Organisation internationale de la Francophonie et à l'Union africaine, il n'y a pas eu d'anomalies majeures constatées", a déclaré le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, Frédéric Desagneaux. "Aujourd'hui, nous encourageons tous les acteurs politiques mauritaniens au dialogue et à une attitude constructive. Il appartient à toutes les forces politiques de concourir à la consolidation de la démocratie en Mauritanie", a-t-il conclu.

Les Mauritaniens devaient choisir samedi parmi neuf candidats celui qui deviendrait président de la république islamique.

Une grave crise depuis un an


Le scrutin de samedi était censé mettre un terme à la grave crise née du coup d'Etat militaire du 6 août 2008. Le chef des putschistes de 2008, le général Mohamed ould Abdel Aziz, abordait le scrutin en favori.

Jusqu'à tout récemment, Mohamed ould Abdel Aziz était même considéré comme le seul candidat sérieux à ce scrutin. Mais, depuis un accord intervenu en juin à Dakar, l'opposition avait levé sa consigne de boycottage et Ahmed ould Daddah, vétéran de l'opposition démocratique, ainsi qu'Ely ould Mohamed Vall, auteur en 2005 d'un des nombreux coups d'Etat dont l'histoire de la Mauritanie indépendante est jalonnée, lui contestent désormais le leadership.

Le président qui avait été renversé par le coup d'Etat en 2008, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, était le premier président démocratiquement élu du pays. Il ne se représentait pas au scrutin de samedi.

L'enjeu

L'élection présidentielle offrait l'occasion à l'ancienne colonie française de retrouver la légitimité que réclament ses partenaires et donateurs. L'Union européenne, qui a gelé à la suite du coup d'Etat d'Abdelaziz l'aide de 156 millions allouée pour la période 2008-2013, se refuse à travailler avec un gouvernement militaire, mais a promis de reprendre sa coopération si le pays en revenait à la démocratie.

Le scrutin

Le vote des 1,2 million d'électeurs, répartis dans plus de 2.500 bureaux de votes éparpillés sur un territoire vaste comme deux fois la France, s'est fait avec un bulletin unique avec les noms, les photos et les symboles des neuf candidats avec une case dans laquelle les électeurs devaient mettre une croix ou un autre signe.

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