L'opposant majeur Jean-Pierre Fabre a réfuté dimanche sa défaite à l'élection présidentielle et appelé à la "résistance"
Au lendemain de l'annonce officielle de la victoire de M. Gnassingbé avec 60,92% des voix, son principal rival et leader du parti d'opposition Union des Forces de Changement (UFC), Jean-Pierre Fabre tente de riposter et annonce une marche mardi à Lomé.
La France a refusé lundi de se prononcer sur la victoire du président sortant, Faure Gnassingbé.
"Je ne reconnais pas la prétendue victoire de Faure Gnassingbé", a-t-il déclaré. "Je conteste absolument les chiffres publiés car la procédure utilisée par la Céni (Commission électorale nationale indépendante) est illégale", a-t-il dit, assurant avoir remporté le scrutin à un tour avec 55 à 60% des suffrages sur l'ensemble du territoire.
Dimanche après-midi, une première manifestation de quelques centaines de personnes, dont M. Fabre, organisé devant le siège de l'UFC dans le quartier populaire de Bè, a été immédiatement maîtrisée par des escouades de gendarmes casqués. M. Fabre et d'autres responsables de l'opposition se sont repliés dans le siège de l'UFC.
Par ailleurs, une douzaine de personnes ont été interpellées depuis samedi, selon des sources policières et d'opposition. Parmi elles figurent deux proches du candidat Messan Agbéyomé Kodjo, ex-Premier ministre togolais, et deux dirigeants d'un mouvement de jeunes proche de l'UFC.
Prudence de la France
"N'ayant connaissance ni des résultats définitifs de l'élection présidentielle, ni des rapports définitifs des différentes missions d'observation électorale présentes sur place, je ne suis pas en mesure de répondre à votre question", a indiqué à la presse Bernard Valero, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, interrogé sur la position de la France.
"Une victoire" trop tôt annoncée
Jean-Pierre Fabre avait annoncé sa victoire dès vendredi, 24 heures après le scrutin. Le parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), avait jugé "inacceptable" cette proclamation, la jugeant de nature à "préparer les esprits à la violence". C'est également le message adressé par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui a exhorté les Togolais à faire preuve de "calme" et de "retenue" après l'élection. Selon le porte-parole de Ban Ki-moon, celui-ci "les appelle également à résoudre leurs conflits électoraux par des biais légaux et institutionnels et plaide pour que de telles plaintes soient examinées et résolues de façon juste et transparente".
Jeudi, l'élection présidentielle à un tour s'est déroulée dans le calme. Sept candidats étaient en lice mais le principal duel opposait le président sortant Faure Gnassingbé et Jean-Pierre Fabre. Agé de 58 ans, ce dernier est membre du parti d'opposition Union des forces de changement (UFC) qui a choisi pour slogan "43 ans, ça suffit, ça doit changer".
En additionnant les années de règne dictatorial de Gnassingbé Eyadéma, qui a gouverné 38 ans entre 1967 et 2005, et celles de son fils Faure, le parti Rassemblement du peuple togolais (RPT) est au pouvoir depuis 43 ans. Aussitôt après le décès de son père en février 2005, Faure Gnassingbé avait en effet été installé dans le fauteuil présidentiel par l'armée. Puis, en avril 2005, il avait été élu président lors d'une élection contestée et suivie de violences (400 à 500 morts selon l'ONU).
L'opposant historique Gilchrist Olympio - fils de Sylvanus Olympio, premier président du Togo indépendant tué en 1963 lors d'un coup d'Etat ourdi par Eyadéma - n'a pas pris part à l'élection. Investi par l'UFC, il n'avait pu déposer sa candidature pour raison de santé.
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