L'Onu ordonne la destruction des armes chimiques syriennes
"Ce soir, la communauté internationale a rempli sa mission ", a commenté le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon, à l'issue du vote à l'unanimité de la première résolution du Conseil de sécurité de l'Onu sur le dossier syrien, vendredi à New York. Les 15 membres du Conseil de sécurité ont mis fin des semaines d'intenses négociations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Russie.
En adoptant un texte encadrant la destruction de l'arsenal chimique syrien du régime de Bachar al-Assad, ils ont marqué une première véritable percée diplomatique depuis le début du conflit syrien. Ce texte s'appuie sur le compromis trouvé entre Moscou et Washington après l'attaque chimique du 21 août qui a fait des centaines de victimes dans la banlieue de Damas.
Cette résolution fait suite à l'accord conclu à Genève mi-septembre afin d'éviter une intervention militaire en Syrie, une menace brandie par Washington et Paris après le 21 août. "La fermeté a payé ", a estimé Laurent Fabius en rappelant cette menace. "La coopération de la Syrie devra être inconditionnelle, la transparence totale ".
Une deuxième résolution nécessaire en cas de sanctions
Le président américain, Barack Obama, a qualifié vendredi "d'énorme victoire pour la communauté internationale " l'accord sur cette résolution obtenu jeudi, à l'issue d'âpres négociations, entre Washington et Moscou, fidèle allié de Damas.
Pour le secrétaire d'Etat américain John Kerry, c'est l'occasion d'"éliminer un des plus grands arsenaux chimiques du monde, dans une des régions les plus instables du monde ". Mais il y aura des "conséquences " pour le pouvoir syrien s'il ne respecte ses engagements, a-t-il prévenu.
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La résolution prévoit dans ce cas la possibilité pour le Conseil de prononcer des sanctions mais elles ne seront pas automatiques: il faudra une deuxième résolution, ce qui laisse à Moscou une possibilité de blocage. Car bien que contraignante, cette résolution n'est pas placée
sous chapitre VII - qui autorise des sanctions automatiques, y
compris une action militaire. La possibilité de recourir au
chapitre VII est mentionnée dans le corps du texte (article 21),
mais une telle mesure nécessiterait l'adoption d'une nouvelle
résolution.
La destruction de l'arsenal chimique syrien passe désormais par des inspections de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Cette dernière réclame à la Syrie de garantir la sécurité de ses experts et de leur fournir un accès "immédiat et sans entrave " à tous ses sites. Un manquement à ces obligations entraînerait une réunion de l'OIAC dans les 24 heures. Les experts de l'OIAC disposeront de 30 jours pour visiter toutes les installations déclarées la semaine dernière par la Syrie, où une première équipe se rendra lundi.
Un "Genève 2" en novembre
Ban Ki-moon a également annoncé vendredi son intention d'organiser "mi novembre " une conférence de paix sur la Syrie dite de "Genève 2". Des contacts vont être pris en octobre et le médiateur de l'ONU en Syrie, Lakhdar Brahimi, fera le point des préparatifs fin octobre.
Au delà de la question des armes chimiques, celle de la guerre civile qui sévit en Syrie reste posée. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a dit souhaiter qu'une conférence internationale sur la paix en Syrie soit organisée à la mi-novembre.
L'envoyé spécial de la Syrie à l'Onu a de son côté assuré que Damas s'engageait "fermement à se rendre à Genève " pour des discussions de paix, tout en soulignant que "les soutiens des rebelles, la Turquie, l'Arabie saoudite, la France, le Qatar et les Etats-Unis devaient eux aussi respecter la résolution du Conseil de sécurité".
Selon lui, le texte approuvé vendredi répond à la plupart des inquiétudes de la Syrie. Sergueï Lavrov a promis que Moscou ferait son possible pour que des pourparlers de paix soient organisés. "On continue de mourir et des civils pacifiques souffrent chaque jour en Syrie ", a-t-il dit. "Virtuellement, le seul moyen de mettre aujourd'hui un terme à ce chaos est de sortir de l'impasse pour entrer dans un processus de règlement politique de la crise syrienne ."
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