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L'Onu a jugé "horrifiantes" vendredi les informations sur la situation humanitaire dans l'ouest de la Côte d'Ivoire

Sur le terrain, les troupes fidèles à Laurent Gbagbo ont regagné vendredi du terrain à Abidjan.L'ambassade de France a affirmé vendredi que la résidence de l'ambassadeur avait été attaquée, pour la deuxième fois en moins de 48 heures, par des forces loyales à Laurent Gbagbo. Le camp Gbagbo a aussitôt démenti.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Réfugiés dans un camp du HCR à Duékoué, à 400 km à l'ouest d'Abidjan, le 6 avril 2011 (AFP / Zoom Dosso)

Sur le terrain, les troupes fidèles à Laurent Gbagbo ont regagné vendredi du terrain à Abidjan.

L'ambassade de France a affirmé vendredi que la résidence de l'ambassadeur avait été attaquée, pour la deuxième fois en moins de 48 heures, par des forces loyales à Laurent Gbagbo. Le camp Gbagbo a aussitôt démenti.

Selon l'ambassade, la résidence a été la cible de deux tirs de mortier et d'un tir de roquette "à partir de positions tenues" par des éléments loyaux à Laurent Gbagbo, vendredi à 16h00 (heure locale et GMT).

Du coup, selon des témoins, des hélicoptères de la force française Licorne ont pilonné vendredi soir le secteur de la résidence du président sortant.

Par ailleurs, la force française Licorne et les troupes de l'Onu ont évacué vendredi des diplomates indiens, sud-coréens, sud-africains et israéliens cloîtrés dans leur ambassade à Abidjan en raison du conflit en Côte d'Ivoire, ont indiqué des responsables des Nations unies.

Les troupes loyalistes fidèles à Gbagbo ont regagné du terrain vendredi, contrôlant désormais complètement les quartiers du Plateau et de Cocody. Elles sont toujours en possession de chars et d'"armes lourdes", a indiqué le chef des opérations de maintien de la paix de l'Onu Alain Le Roy.

Laurent Gbabgo, qui s'accroche, est bloqué dans son bunker
De son côté, le président sortant de Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo "est bien calé dans son fauteuil présidentiel" et ne partira pas pour ne pas "abandonner son peuple", a assuré vendredi à Paris un de ses conseillers, Toussaint Alain.

Alasane Ouattara, président ivoirien reconnu par la communauté internationale, a annoncé jeudi un blocus autour de Laurent Gbagbo, toujours retranché dans sa résidence. "Un blocus a été établi autour (du) périmètre" de la résidence où le président sortant Laurent Gbagbo "s'est avec des armes lourdes et des mercenaires".

Soucieuse de sa neutralité, l'Onu a indiqué vendredi refuser d'être impliquée dans toute stratégie visant à "couper les vivres" au président sortant ivoirien.

Le président ivoirien élu a annoncé ce blocus lors d'une allocution solennelle à la télévision ivoirienne, exhortant ses compatriotes à la réconciliation et demandant à ses forces de sécuriser Abidjan. "La lumière sera faite sur tous les massacres et les crimes" qui ont pu être commis, a également affirmé le président reconnu par la communauté internationale.

"Les auteurs des crimes seront sanctionnés", a-t-il assuré, en exhortant ses troupes "à être exemplaires dans leur comportement et à s'abstenir de tout crime, de toutes violences contre les populations ou de tout acte de pillage". "Tous ceux qui seront impliqués dans de tels actes seront punis", a-t-il promis.

Alassane Ouattara a aussi demandé à son gouvernement d'assurer la "sécurisation" des quartiers d'Abidjan afin de mettre un terme aux pillages et aux violences qui se sont multipliées au cours des derniers jours. Il a indiqué avoir demandé aux responsables de ses forces de sécurité "de prendre toutes les dispositions pour assurer le maintien de l'ordre et la sécurité des biens", ainsi que la liberté de mouvement dans le pays. "J'invite tous mes compatriotes à s'abstenir de tout acte de vengeance", a-t-il aussi déclaré. "La Côte d'Ivoire est une et indivisible", a-t-il assuré, en promettant d'être le président "de tous les Ivoiriens".

Une situation humanitaire catastrophique
Les informations que les enquêteurs de l'Onu sur les droits de l'homme envoient sur la situation dans l'ouest de la Côte d'Ivoire sont "absolument horrifiantes ", a déclaré vendredi à Genève le Haut commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay. Les enquêteurs de l'Onu "découvrent de nouveaux corps tous les jours", a indiqué Mme Pillay dans un communiqué, mentionnant en particulier le corps d'une femme portant un bébé attaché sur son dos.

"Les informations envoyées par l'équipe des enquêteurs de l'Onu sur les droits de l'homme en Côte d'Ivoire sont absolument horrifiantes", a-t-elle dit. "Au cours de la seule journée d'hier, ils ont trouvé 118 corps dans les trois villes de Duékoué, Bloléquin et Guiglo, dans l'ouest du pays."

La situation est également très délicate à Abidjan. Après le quasi dénouement de la crise, la capitale est confrontée à l'urgence humanitaire. "Abidjan est une tragédie humaine", a déclaré le représentant du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) en Côte d'Ivoire, Carlos Geha. "La population n'était pas prête pour une bataille qui dure aussi longtemps que ça", a-t-il dit, ajoutant que la population est privée d'eau depuis quatre jours.

Nombre de magasins et toutes les petites épiceries ont été pillées; le prix du pain, des cigarettes et du blé a triplé au cours de ces dernières 48h, selon le réprésentant d'Ocha.

L'Ouest du pays connaît aussi "une situation dramatique très tendue", les populations déplacées souffrent de la faim et du manque d'eau potable, a indiqué François Danel, directeur général de l'ONG Action contre la faim (ACF).

Les agences de l'ONU ont demandé l'ouverture de couloirs humanitaires pour venir en aide aux populations fuyant les violences. Elles ont aussi indiqué avoir distribué des vivres à Duékoué où quelque 30.000 personnes s'entassaient dans une mission catholique pour fuir les violences dans cette ville prise le 29 mars par les forces d'Alassane Ouattara.

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