L'ONU a demandé vendredi au gouvernement du Kirghizstan de mener une enquête "exhaustive et transparente"
Le Conseil des droits de l'Homme demande la lumière sur les violences qui y ont éclaté la semaine passée.
La présidente par intérim a reconnu que les affrontements entre Kirghiz et minorité ouzbèke avaient fait probablement près de 2.000 morts - 10 fois plus que le bilan officiel - lors d'une visite dans le Sud du pays particulièrement touché.
La résolution du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, qui concernait initialement les violences commises en avril lors du renversement du régime du président Kourmanbek Bakiev, a fait l'objet d'intenses négociations jusqu'à la dernière minute pour permettre d'intégrer celles des derniers jours.
Le Conseil condamne fermement "les violations des droits de l'homme qui ont été commises lors des manifestations ayant entouré le changement de gouvernement" en avril, ainsi que "les provocations et les violences à Och et Djalal-Abad" qui ont débuté il y a une semaine.
"Nous demandons au gouvernement de la République kirghize de mener une enquête exhaustive et transparente et qu'il fasse répondre de leurs actes les responsables des pertes en vies humaines, en relation avec les évènements du 7 avril 2010 et durant les récentes violences interethniques", souligne la résolution proposée par les Etats-Unis et le Kirghizstan et adoptée par consensus.
Le soulèvement sanglant en avril qui a renversé le régime en place, a fait 87 morts. Depuis, les affrontements se sont multipliés dans ce pays d'Asie centrale entre partisans et opposants du gouvernement intérimaire.
Un bilan qui risque de s'alourdir
Depuis une semaine, les violences entre Kirghiz et la minorité ouzbèke ont fait au moins 192 morts et plus de 2.000 blessés, selon un bilan officiel, et plus de 400.000 réfugiés et déplacés, d'après les estimations de l'ONU.
La présidente par intérim du Kirghizstan, Rosa Otounbaïeva, estime pour sa part qu'elles ont probablement fait près de 2.000 morts, dix fois plus que le bilan officiel.
L'Organisation mondiale de la Santé a, elle, indiqué que les émeutes auraient "affecté directement ou indirectement" un million de personnes dans cette ancienne république soviétique d'Asie centrale.
Le sous-secrétaire d'Etat américain chargé de l'Asie centrale et du Sud, Robert Blake, a exigé une "enquête indépendante" et enjoint le Kirghizstan de faire "cesser les violences qui entraînent un flot de réfugiés" en Ouzbékistan, pays voisin où il effectuait une visite.
Interrogée sur les conflits entre Kirghiz et la minorité ouzbèke de ce pays de 5,3 millions d'habitants, elle a reconnu que les tensions étaient "toujours élevées".
Historiquement, les relations entre les deux communautés sont tendues, notamment en raison de disparités économiques. Dans les années 90, des affrontements interethniques avaient fait des centaines de morts dans la région d'Och.
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