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L'ONU a décrété mercredi l'état de famine à Bakool et à Lower Chabelledeux et a annoncé jeudi un pont aérien d'aide

Le Programme alimentaire mondial (PAM), une agence spécialisée de l'ONU, a annoncé jeudi le lancement "dans les prochains jours d'un pont aérien" pour fournir une aide alimentaire spéciale aux enfants de la capitale somalienne Mogadiscio "qui en ont un besoin désespéré".
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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C'est la crise de famine la plus grave depuis 20 ans. (AFP - Mustafa Abdi)

Le Programme alimentaire mondial (PAM), une agence spécialisée de l'ONU, a annoncé jeudi le lancement "dans les prochains jours d'un pont aérien" pour fournir une aide alimentaire spéciale aux enfants de la capitale somalienne Mogadiscio "qui en ont un besoin désespéré".

"Nous aidons 1,5 million de personnes actuellement en Somalie et le PAM grimpe en régime pour aider 2,2 millions de personnes supplémentaires dans le sud du pays auparavant inaccessibles", a indiqué l'agence onusienne.

"Le PAM se prépare à lancer de nouvelles routes, terrestres et aériennes, dans le coeur de la zone touchée par la famine pour créer les conditions nécessaires aux opérations, y compris celles qui vont permettre d'assurer la sécurité du personnel humanitaire", a pousuivit l'agence.

Face à cette situation de crise, consécutive à , les Nations Unies ont décidé de prendre "des mesures exceptionnelles". Elles ont débloqué notamment "une aide financière" et continuent, en parallèle, à tenter d'acheminer un maximum de nourriture dans le sud de la Somalie, après une par avion.

Un appel aux dons d'un montant de 300 millions de dollars a été lancé par l'organisation internationale.

Le coordinateur des affaires humanitaires de l'Onu pour la Somalie, Mark Bowden, a annoncé mercredi que les deux régions somaliennes concernées, Bakool et Lower Chabelle (sud du pays), étaient frappées par la pire famine qu'ait connue la région depuis vingt ans.

Plusieurs années de sécheresse, qui touchent aussi le Kenya et l'Ethiopie voisins, et l'instabilité politique chronique en Somalie, teintée de violences, ont rendu très difficile l'accès à ces zones par les travailleurs humanitaires, selon l'Onu.

L'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) va organiser une réunion ministérielle d'urgence le 25 juillet pour aider la Corne de l'Afrique, à laquelle sont invités les 191 pays membres, ainsi que d'autres agences onusiennes, comme le Programme alimentaire mondial (PAM) et des organisations non-gouvernementales.

Des ONG appellent aux dons
Le Secours catholique, le Secours populaire et Handicap International ont lancé mardi des appels aux dons et Unicef France a débloqué un million d'euros pour aider les populations d'Afrique de l'Est.

"Plus de 10 millions de personnes ont besoin d'une aide d'urgence dans la région subissant une situation humanitaire catastrophique jamais atteinte depuis soixante ans", a souligné le Secours catholique qui a débloqué une première aide de 300.000 euros pour soutenir des programmes d'urgence dans la région (Somalie, Ethiopie, Djibouti, Kenya).

Le Secours populaire français "appelle à la solidarité et aux dons financiers pour pouvoir faire parvenir l'aide aux enfants et aux personnes touchées par la crise nutritionnelle dans cette région".

L'Unicef France a, de son côté, débloqué un million d'euros de son fonds d'urgence "pour soutenir les programmes de secours de l'Unicef en faveur des enfants et de leurs familles gravement affectés par la crise nutritionnelle qui sévit dans la Corne de l'Afrique".

Les shebab relâchent leur contrôle, trop tard selon l'ONU

Au début de l'année 2010, les islamistes de la milice Al Chabaab, qui contrôle une grande partie du sud du pays, ont interdit l'accès aux agences humanitaires à certaines zones placées sous leur contrôle. Mais face à l'étendue des dégâts, le groupe a récemment décidé de lever cette interdiction.

Les insurgés islamistes shebab saluent la déclaration de l'ONU et se disent prêts à accepter une aide d'urgence à la population.

Selon certains analystes, les membres d'Al Chabaab ont changé de position car ils ne souhaitent prendre aucun risque de se mettre à dos la population, qui souffre de la sécheresse.

Mais selon d'autres experts, les miliciens ont choisi d'autoriser à nouveau les livraisons d'aide humanitaire afin de pouvoir se servir au passage.

Pour l'ONU, ce changement d'attitude s'est produit trop tard et c'est en partie pour cette raison que la situation s'est dégradée plus rapidement dans ces deux régions. "Si nous n'agissons pas maintenant, la famine va s'étendre aux huit régions du sud de la Somalie d'ici deux mois, en raison des faibles récoltes et de la multiplication des foyers d'infections", a estimé Mark Bowden lors d'une conférence de presse organisée à Nairobi.

"Chaque jour de retard dans l'acheminement de l'aide est au sens propre une question de vie ou de mort pour les enfants et les familles des zones touchées par la famine", a-t-il ajouté.

La communauté internationale se dit prête à renvoyer de l'aide dans ces régions somaliennes à condition que cette aide soit strictement acheminée aux populations et ne profite pas aux insurgés islamistes qui contrôlent ces zones.

Situation de danger

Selon l'ONU, près de 3,7 millions de Somaliens, soit environ la moitié de la population du pays, sont en situation de danger.

Dans les zones les plus exposées, près d'un enfant sur deux souffre de malnutrition. "Il est probable que des dizaines de milliers d'enfants sont déjà morts", a estimé Mark Bowden.

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