L'épique construction d'une station de ski made in France en Turquie
Jusqu'ici, Gaziantep n'était pas vraiment connue pour sa station de ski. Dans cette ville du sud-est de la Turquie, située à 40 kilomètres de la frontière syrienne, il peut faire jusqu'à 45 degrés l'été et l'hiver, le mercure s'installe entre zéro et dix degrés. Autant dire que la neige y est un évènement rare.
De Clamecy... à la frontière turco-syrienne
Pourtant, Gaziantep est en passe de devenir une station de ski, avec six pistes de différents niveaux. Inaugurée ce dimanche à grand renfort de gouverneurs et de ministre - à la tête desquels le Premier ministre en personne, Recep Tahip Erdogan - est due à une toute petite entreprise française : 12 salariés, un grand hangar rempli de bric-à-brac et de constructions diverses à Clamecy, dans la Nièvre.
Trop innovant, trop près de la Syrie, estiment les banques
Prisme évènement a raflé le marché au nez et à la barbe des entreprises américaines et italiennes spécialisées dans les pistes de ski en synthétique. Mais une fois engagée, la petite entreprise s'est retrouvée seule avec son enthousiasme. Les banques n'ont pas voulu suivre : "elles nous disaient : proximité de la Syrie, trop innovant ou faites-en déjà un ou la Turquie n'est pas stable. J'ai eu autant de réponses différentes que j'ai sollicité de préfinancements bancaires ". Et sans financement bancaire, pas d'aide publique du côté de la BPI, ou de garantie du côté de la Coface, organisme parapublic qui s'occupe des contrats d'exportations.
Les Bourguignons ont donc dû se débrouiller avec leurs fonds propres. Une opération accrobatique avec une monnaie, la livre turque, qui ne cesse de fluctuer. La société s'est du coup parfois retrouvé en danger. Car pendant ce temps, il fallait assurer l'acheminement de centaines de tonnes de matériels, parfois fabriqués en Chine ou aux Etats-Unis. Par bateau, par avion ou par convois de camions, ce sont 40 containers qui sont arrivés à Gaziantep : "J'encourage toutes les entreprises françaises à venir innover et travailler avec nos amis turcs ", explique Joseph Mathieu. "En revanche, je conseille de bien se documenter, de bien se former et surtout de bien se faire accompagner pour ne pas perdre de temps et d'argent dans les questions administratives et de droit du travail ", prévient-il. Et les "petits Poucet" de Clamecy n'en ont pas fini avec les bottes de sept lieux, puisqu'ils lorgnent maintenant du côté du Brésil.
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