L'enquête se poursuivait samedi après la mort de cet ex pilier du régime libyen devenu chef d'état-major des rebelles
L'enquête se poursuivait samedi à Benghazi après la mort du général Younès. Le Conseil national de transition, organe politique de la rébellion, "a nommé une commission d'enquête et va publier tous les faits" autour de la mort d'Abdel Fatah Younès, a annoncé Ali Tarhuni, chargé des affaires économiques au sein du CNT.
Le corps criblé de balles et partiellement calciné du général Younès a été retrouvé vendredi matin dans les faubourgs de Benghazi mais le CNT avait été informé de sa mort la veille, quand le chef d'une bande armée à l'origine de sa mort avait avoué le crime, a-t-il expliqué.
"Le chef de la bande est en prison maintenant", a déclaré M. Tarhuni, ajoutant que certains des autres auteurs du crime étaient encore recherchés et que leurs motivations n'étaient pas claires. "Nous ne savons pas pour qui ils travaillaient", a-t-il dit.
Plusieurs membres du CNT ont accusé le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi d'être derrière l'assassinat, tandis que des rumeurs affirment que le général a été exécuté par des rebelles qui le soupçonnaient de trahison.
Vendredi soir, le porte-parole du régime libyen, Moussa Ibrahim, a accusé Al-Qaïda d'avoir commis le meurtre pour "marquer sa présence et son influence dans cette région" de l'Est contrôlée par la rébellion.
Selon la version d'Ali Tarhouni, membre du gouvernement libyen rebelle, un chef de milice qui avait reçu l'ordre d'aller chercher près de Bréga l'ancien compagnon d'armes de Mouammar Kadhafi, a été arrêté. Il est passé aux aveux et a reconnu que ses hommes avaient tué l'ancien ministre libyen de l'Intérieur. Ceux qui ont tiré sur lui sont en fuite. "Ce n'est pas lui, ce sont ses subordonnés qui l'ont fait", a expliqué Ali Tarhouni à Benghazi.
La mort dans des circonstances mystérieuses de ce chef militaire pourrait masquer de profondes divisions au sein de la rébellion ou un assassinat commis par des fidèles de Mouammar Kadhafi.
Le décès d'Abdel Fattah Younès, annoncée jeudi soir par le président du Conseil national de transition (CNT), Moustafa Abdeldjalil, porte un coup sévère à la rébellion au moment où celle-ci lance une nouvelle offensive dans l'ouest du pays. Des divisions sont en effet à craindre au sein de la rébellion que ce soit sur le front diplomatique, avec la reconnaissance entière de la France et du Royaume-Uni, ou sur le terrain militaire, avec des avancées jusqu'au port de Brega (est) et dans les montagnes au sud-ouest de la capitale.
Deux colonels ont trouvé la mort en même temps que lui, a ajouté M. Abdeljalil au cours d'une conférence de presse jeudi soir, précisant que le chef des tueurs avait été arrêté.
La rébellion a décrété trois jours de deuil et imputé la responsabilité de la mort du général Younès aux forces loyales au régime de Tripoli. "L'intervention de Kadhafi est très claire dans cette affaire", a déclaré vendredi un haut responsable des rebelles ayant requis l'anonymat.
Un millier de personnes ont participé vendredi aux funérailles d'Abdel Fatah Younès à Benghazi.
Paris appelle à la prudence sur cette affaire
Après son assassinat, les Etats-Unis ont exhorté les rebelles à rester unis et concentrés sur leur objectif de renverser le colonel Kadhafi : "Ce qui est important, c'est qu'ils oeuvrent de manière à la fois rapide et transparente à assurer l'unité de l'opposition libyenne", a déclaré le département d'Etat.
La France, l'un des principaux soutiens internationaux à la rébellion, a, pour sa part, appelé à la prudence sur les explications et les responsabilités dans cette affaire.
"Ce qui s'est exactement passé reste peu clair", a de son côté noté la Grande-Bretagne, autre acteur-clé au sein de la coalition internationale.
Au plan militaire, l'aviation norvégienne effectuera sa dernière mission de combat en Libye samedi, deux jours avant la fin officielle de sa participation à l'opération aérienne dirigée par l'Otan.
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