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L'autodafé d'un exemplaire du Coran crée de nouveaux dangers pour la mission américaine en Afghanistan

C'est ce qu'a déclaré le commandant des forces internationales, le général américain David Petraeus au Wall Street Journal.Un pasteur évangéliste américain, Terry Jones, a brûlé le 20 mars en Floride un exemplaire du livre saint musulman, à la suite d'un "procès". Geste qui a déclenché des manifestations meurtrières en Afghanistan.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Le général américain David Petraeus s'inquiète du geste d'un pasteur exrémiste en Floride (AFP - Getty Images - Mark Wilson)

C'est ce qu'a déclaré le commandant des forces internationales, le général américain David Petraeus au Wall Street Journal.

Un pasteur évangéliste américain, Terry Jones, a brûlé le 20 mars en Floride un exemplaire du livre saint musulman, à la suite d'un "procès". Geste qui a déclenché des manifestations meurtrières en Afghanistan.

En trois jours, depuis vendredi, au moins 24 personnes, dont 7 étrangers, ont été tuées et plus de 100 autres blessées. Les manifestations ont gagné tout le pays. Vendredi, sept salariés étrangers de l'ONU sont morts lors d'une émeute contre les installations de l'organisation internationale dans la ville de Mazar I Sharif, la grande ville du nord de l'Afghanistan, généralement assez calme. Selon Le Figaro, les protestations ont été "largement encouragées par les mollahs au cours de leur sermon hebdomadaire" vendredi.

Le geste "haïssable" du pasteur Jones, pour reprendre la formule du général Petraeus, a été condamné samedi par le président des Etats-Unis, Barack Obama. "La désacralisation de tout texte saint, y compris le Coran, est un acte d'extrême intolérance et sectarisme", a déclaré le locataire de la Maison blanche. Il n'en a pas moins rappelé qu'"attaquer et tuer des gens innocents en représailles est révoltant et un affront à la décence humaine et à la dignité".

L'affaire a "allumé un feu dangereux en Afghanistan", commente Libération. "Les manifestations ne se limitent pas à une région ou à un groupe ethnique. Elles rassemblent aussi bien des Tadjiks, des Ouzbeks que des Pachtounes. Hormis peut-être dans la capitale, où les responsables religieux ont appelé à la retenue, la protestation risque de gagner l'ensemble du pays", commente un observateur du Centre d'études stratégiques de Kaboul, Waheed Mujda, cité par Libération. L'acte de Terry Jones "a servi de déclencheur, mais les revendications se diversifient, jusqu'au refus de l'installation de bases militaires américaines permanentes. Ce n'est franchement pas une bonne nouvelle pour la communauté internationale, et encore moins pour les Etats-Unis", poursuit l'expert.

Le président afghan, Hamid Karzaï, a demandé dimanche à Barack Obama et au Congrès des Etats-Unis "de condamner" l'autodafé de l'exemplaire du Coran "en termes claires et de prendre position pour que de tels actes ne se répètent plus dans l'avenir", ont indiqué ses services dans un communiqué. Le 24 mars, Hamid Kazaï avait déjà condamné un "acte obscène et insultant", le qualifiant de tentative "de créer des tensions entre religions". Il avait demandé "au gouvernement américain et aux Nations unies" de traduire en justice le pasteur extrémiste de Gainesville (Floride).

Pour le porte-parole du gouvernement de la province de Kandahar (sud), fief taliban, cité par Le Figaro, "tout cela est de la faute d'Américains idiots, infidèles et blasphémateurs". A ses yeux, le peuple a le droit de montrer sa colère devant la désacralisation du Coran.

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