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L'armée égyptienne a annoncé lundi soir qu'elle ne recourrait pas à la force contre la population

L'armée a jugé "légitimes" les revendications du peuple et assuré qu'elle ne recourrait "pas à l'usage de la force" lui. "La liberté d'expression de forme pacifique est garantie pour tous", a affirmé le porte-parole de l'armée.Les manifestations réclamant le départ de Moubarak n'ont pas faibli lundi, et des marches géantes sont prévues mardi.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Un soldat égyptien tente de disperser des manifestants en colère pour protéger un policier place Tahrir au Caire, lundi (AFP PHOTO / KHALED DESOUKI)

L'armée a jugé "légitimes" les revendications du peuple et assuré qu'elle ne recourrait "pas à l'usage de la force" lui. "La liberté d'expression de forme pacifique est garantie pour tous", a affirmé le porte-parole de l'armée.

Les manifestations réclamant le départ de Moubarak n'ont pas faibli lundi, et des marches géantes sont prévues mardi.

Pour tenter d'éteindre cette révolte sans précédent qui dure depuis une semaine, le président égyptien a formé lundi un nouveau gouvernement, renouvelé pour moitié.

Le ministre de l'Intérieur Habib el-Adli, dont les manifestants réclamaient le départ, a été remplacé par un haut responsable de la police, Mahmoud Wagdi.

Quant à Omar Souleïmane, nommé ce week-end vice-président, il a annoncé lundi soir avoir été chargé par le président Moubarak d'entamer un dialogue avec tous les partis politiques. Les discussions doivent concerner "toutes les questions liées à la réforme constitutionnelle et législative".

Il a indiqué que des mesures étaient en cours en vue d'appliquer les décisions de la cour d'appel, contestant les résultats des élections des législatives des 28 novembre et 5 décembre dans certaines circonscriptions.

Appel à des marches massives pour mardi
Le mouvement de contestation a lancé lundi un appel à la grève générale et a appelé à des "marches d'un million" de personnes mardi au Caire et à Alexandrie (nord), pour faire pression sur le régime après une semaine de manifestations qui ont fait au moins 125 morts et des milliers de blessés.

Lundi vers 17h, ils étaient toujours des dizaines de milliers à braver tranquillement le couvre-feu, en vigueur de 15h à 8h au Caire, à Suez (est) et à Alexandrie, dans une ambiance de kermesse.

Ils exigeaient la fin de la corruption, des privations et de l'oppression policière. "Pas de changements de visage, un changement de régime !" ou "Le sang des martyrs n'aura pas été versé en vain !", scandaient les manifestants.

Au septième jour de mobilisation, internet et le service messagerie des mobiles restaient très perturbés, empêchant les communications. Selon une source américaine, le dernier fournisseur d'accès en Egypte, Noor, a été bloqué lundi soir. Le trafic ferroviaire a également été suspendu lundi, afin d'empêcher les provinciaux de monter manifester dans la capitale. La plupart des distributeurs de billets étaient vides et les banques fermées.

Nouveau gouvernement nommé lundi
Le président Hosni Moubarak a annoncé lundi la formation d'un nouveau gouvernement renouvelé pour moitié. S'il s'est séparé de son ministre de l'Intérieur, honni des manifestants qui ébranlent le régime, de nombreuses personnalités ont été reconduites dans ce nouveau cabinet.

Le très controversé Habib el-Adli, en place depuis treize ans, cède son ministère de l'Intérieur à un haut responsable de la police, Mahmoud Wagdi. Les hommes d'affaires proches du fils du raïs, Gamal Moubarak, que beaucoup considéraient comme le probable successeur du président, ont également été écartés. Autre victime, le ministre de la Culture Farouk Hosni, remplacé par le critique littéraire Gaber Asfour.

De nombreux barons du précédent gouvernement retrouvent en revanche leur portefeuille, comme le ministre des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit, ou celui de la Défense, le général Mohamed Hussein Tantaoui. Ce dernier a également été nommé lundi par Moubarak au poste de vice-Premier ministre. Il s'agit du troisième militaire porté à un poste-clé des institutions égyptiennes depuis samedi.

Deux ministres très influents, celui de l'Information, Anas el-Fekki, et celui des Affaires parlementaires et légales, Moufid Chehab, restent aussi en place.

M.Moubarak avait annoncé samedi la nomination d'un nouveau Premier ministre, issu de l'armée, le général Ahmad Chafic, ancien ministre de l'Aviation civile qu'il a chargé de promouvoir la démocratie en dialoguant avec l'opposition.

Dans le même temps, le chef des services secrets, le général Omar Souleimane, a été nommé vice-président, un poste vacant depuis l'arrivée de M. Moubarak au pouvoir en 1981. Il a annoncé lundi soir avoir été chargé d'entamer un dialogue avec tous les partis égyptiens.

L'UE appelle à des réformes et des élections libres
Les ministres européens des Affaires étrangères
ont appelé lundi à des "réformes démocratiques substantielles" conduisant à la tenue d'élections "libres et justes" en Egypte. Human Rights Watch (HRW) a appelé lundi les gouvernements du Moyen-Orient à tirer les leçons de ces mouvements et à améliorer les libertés publiques.

Rapatriements d'étrangers et vols suspendus
La compagnie nationale Egyptair a annoncé lundi l'annulation jusqu'à nouvel ordre de tous ses vols intérieurs et extérieurs prévus aux heures du couvre-feu. De nombreux voyagistes ont suspendu les départs des vacanciers, au plus fort de la saison touristique. Plusieurs pays, comme les Etats-Unis, le Canada, l'Arabie saoudite ou la Tunisie, ont dépêché des avions pour assurer le rapatriement de leurs ressortissants.

Journalistes d'Al-Jazira arrêtés
Six journalistes du canal anglophone de la chaîne qatarie Al-Jazira ont été brièvement arrêtés lundi au Caire, et leur caméra confisquée, au lendemain de l'interdiction de la chaîne satellitaire en Egypte, où elle a accordé une large couverture aux manifestations anti-gouvernementales.

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. Une liste de correspondants d'Al Jazira en Egypte :
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