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L'Américain John Yettaw libéré

L'Américain qui avait été condamné en même temps qu'Aung San Suu Kyi a été expulsé de Birmanie dimanche
Article rédigé par France2.fr
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L'opposante birmane Aung San Suu Kyi et le sénateur démocrate américain Jim Webb (© AFP / Emmanuel Dunan / Saul Loeb)

L'Américain qui avait été condamné en même temps qu'Aung San Suu Kyi a été expulsé de Birmanie dimancheL'Américain qui avait été condamné en même temps qu'Aung San Suu Kyi a été expulsé de Birmanie dimanche

John Yettaw a pris l'avion avec le sénateur américain Jim Webb, qui s'était entretenu samedi avec le chef de la junte birmane et avait obtenu sa libération.

A l'origine de la dernière condamnation de l'opposante Birmane, pour avoir nagé jusqu'à sa maison, l'Américain avait été condamné à sept ans de prison et de travaux forcés mardi.

Remis à des diplomates américains à la prison d'Insein, John Yettaw a été emmené à l'aéroport au moment du départ de Jim Webb.

Quand l'avion qui les a transportés a atterri à Bangkok, le parlementaire démocrate a fait en sorte de n'apparaître sur aucune image avec John Yettaw, dont il a critiqué l'action. "Ce qu'il a fait est regrettable", estimant que son expédition chez l'opposante birmane avait "causé du tort à la personne qu'il essayait d'aider".

Pendant le procès, ce mormon de 54 ans avait affirmé avoir agi "à la demande de Dieu" pour alerter Aung San Suu Kyi d'un "complot" après avoir eu une "vision" selon laquelle elle allait être "assassinée".

La visite d'un sénateur américain en Birmanie


Jim Webb, sénateur démocrate américain proche du président Obama, a effectué une visite exceptionnelle en Birmanie, alors que la nouvelle peine infligée a l'opposante birmane (son assignation à résidence a été prolongée de 18 mois) a soulevé une vague de protestation dans le monde: son assignation.

Le sénateur américain a été reçu par le chef de la junte birmane Than Shwe samedi à Naypyidaw, la nouvelle capitale administrative du régime, avant de se rendre à Rangoun où il a pu rencontrer Aung San Suu Kyi.

Avant ses discussions avec Than Shwe, Jim Webb avait pu s'entretenir, également à Naypyidaw, avec des représentants de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), principale formation d'opposition dirigée par Mme Suu Kyi.

Jim Webb, qui préside une sous-commission du Sénat sur l'Asie de l'Est et le Pacifique, est le premier élu du Congrès américain à se rendre ès qualité en Birmanie depuis dix ans et le premier haut responsable américain à rencontrer le généralissime Than Shwe.

"Je suis reconnaissant envers le gouvernement d'avoir répondu aux requêtes" concernant la libération de John Yettaw, a déclaré Jim Webb dans un communiqué. "J'espère que nous pourrons tirer profit de ces gestes pour commencer à bâtir les fondations (d'une relation) basée sur la confiance et la bonne volonté à l'avenir", a ajouté le sénateur américain, qui dit avoir également réclamé la libération d'Aung San Suu Kyi.

Les éventuelles "contreparties" qu'aurait évoquées Jim Webb ont suscité la colère de certains groupes d'opposants birmans, qui ont regretté que le sénateur reparte avec John Yettaw et que Aung San Suu Kyi reste en résidence surveillée.

Déclaration "soft" au Conseil de Sécurité


Le Conseil de sécurité a simplement exprimé sa "grave préoccupation" après la nouvelle condamnation d'Aung San Suu Kyi mardi dernier par la Birmanie.

Le Conseil a finalement adopté une déclaration édulcorée, après deux jours de tractations, selon des sources diplomatiques.

Les USA avaient initialement proposé un texte qui "réprouvait" la condamnation de l'opposante Birmane. La Chine, la Russie et le Vietnam n'y étaient pas favorables.

L'UE adopte de nouvelles sanctions


Les Européens ont adopté jeudi une série de nouvelles sanctions "ciblées" pour protester contre la condamnation d'Aung San Suu Kyi.

Les "magistrats responsables du verdict" voient leurs noms s'ajouter à la liste des personnes qui n'ont pas le droit de voyager dans l'Union et dont les avoirs sont gelés. Des mesures qui sont également étendues aux entreprises détenus et contrôlées par des membres du régime birman ou par des personnes qui leur sont associées.

L'UE avait dénoncé mardi la condamnation de l'opposante birmane, réclamé sa libération "immédiate, sans conditions" et annoncé de nouvelles sanctions.

Nouvelle condamnation pour Aung Sang Suu Kyi

Aung Sang Suu Kyi a été condamnée mardi à 18 mois supplémentaires d'assignation à résidence. En mai, Aung San Suu Kyi, 64 ans, avait brièvement hébergé un Américain, John Yettaw, qui avait nagé clandestinement jusqu'à sa maison au bord d'un lac.

Un tribunal, réuni à la prison d'Insein, au nord de Rangoun, a reconnu Mme Suu Kyi coupable d'avoir violé les termes régissant depuis 2003 son assignation à résidence.

John Yettaw, 54 ans, a été condamné de son côté, au total, à 7 ans de prison et de travaux forcés, selon une journaliste de l'AFP au tribunal. L'Américain a été condamné à 3 ans pour avoir enfreint des lois sécuritaires, 3 ans pour violations des lois sur l'immigration et à un an pour avoir nagé illégalement dans un lac municipal de Rangoun.

Ils vont tous les deux faire appel, ont indiqué mercredi leurs avocats.

Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la paix, a déjà été privée de liberté pendant 14 des 20 dernières années. Si aucune mesure de clémence n'est annoncée d'ici 2010, elle ne pourra pas participer aux élections nationales fixées pour l'année prochaine par la junte.

Pour les spécialistes de Birmanie, cette condamnation de l'opposante emblématique constitue un prétexte pour la tenir éloignée des élections.

Amnesty International a dénoncé une condamnation "honteuse", qui relève de la "mascarade politique et judiciaire".

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